Attentat n Les télévisions ont diffusé des images de scènes chaotiques de blessés en sang en train d'être évacués, de chaussures et débris éparpillés sur la chaussée. L'explosion d'une bombe placée à bord d'un bus de fonctionnaires à Peshawar a fait ce mercredi matin au moins 16 morts, selon un bilan provisoire. L'attentat, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, intervient tout juste une année après le lancement d'une vaste offensive militaire dans les zones tribales instables du nord-ouest du Pakistan. Un engin explosif improvisé de quelque 4 kg et bourré de billes de métal avait été caché derrière le sixième rang de sièges, a expliqué un responsable de la police, Abbas Majeed. Il semble avoir été actionné à distance. Des sources policières et hospitalières ont confirmé ce bilan, soulignant qu'il pourrait s'aggraver. «Le conducteur nous a dit de nous préparer pour l'arrêt de Sunehri Masjid, mais une énorme explosion s'est produite et j'ai senti le bus sauter en l'air. Je n'ai vu que des flammes et de la fumée à l'arrière du bus», a témoigné Faqir Gul, 32 ans, à l'hôpital où il est soigné pour une blessure à la tête. Le toit du bus rouge et bleu, qui transportait les employés a été arraché et les fenêtres pulvérisées par le souffle de l'explosion, qui s'est produite en pleine heure de pointe, dans le quartier commerçant de Saddar à Peshawar, capitale de la province de Khyber Pakhtunkhwa. Le bus convoyait des fonctionnaires de Mardan à Peshawar. Les attentats sont fréquents dans la province instable du Khyber Pakhtunkhwa, où se situe Peshawar, ainsi que dans la région du Baloutchistan (sud-ouest), frontalière de l'Afghanistan. Le 7 mars, les talibans avaient attaqué un tribunal dans la ville de Shabqadar, proche de Peshawar, tuant 18 personnes. Une faction des talibans pakistanais, Jamat-ul-Ahrar, avait revendiqué l'attentat, présenté comme un acte de représailles à la pendaison surprise quelques jours plus tôt de l'islamiste Mumtaz Qadri. Ancien policier, Qadri a été érigé au rang de héros dans certains cercles conservateurs pour avoir tué en 2011 un gouverneur favorable à une réforme de la loi controversée réprimant le blasphème. Sa pendaison est considérée par certains analystes comme un tournant dans la longue lutte du Pakistan contre l'extrémisme. En janvier dernier, une faction talibane avait en outre revendiqué l'assaut d'une université à Charsadda, qui avait fait 21 morts, essentiellement des étudiants. Cette attaque avait fortement ébranlé le fragile sentiment de sécurité qui refaisait surface dans cette région du Pakistan, après l'attaque contre une école dans la ville voisine de Peshawar le 16 décembre 2014. Elle avait semé le doute sur l'efficacité des mesures de sécurité vantées par le gouvernement et l'armée. Les autorités ont lancé une offensive militaire dans les zones tribales en 2014, qui a coûté la vie à des milliers de combattants armés selon l'armée. Nombre d'entre eux se sont par ailleurs réfugiés en Afghanistan, et la situation sécuritaire au Pakistan s'en est trouvée nettement améliorée.