Portraits n Les prénoms des femmes peintes sortent de l'ordinaire, ils renvoient à l'authenticité du haïk, comme élément identitaire, à l'exemple des bijoux en argent reproduits sur les toiles. Le haïk, voile conjugué à la féminité algérienne, on peut s'en approcher grâce aux portraits d'Alexandra Gillet à la galerie Sirius, dans une exposition qui a pour titre «Haïk Vibes. Amour, Mystère et féminité». Toutes ont le même regard profond aux larges pupilles sombres et lumineuses à la fois. Le haïk n'est plus le voile-prison, comme veulent bien l'entendre les dénégateurs, il est ce vêtement qui complète la grâce de celles qui le portent. Blanc ou noir, accompagné ou non de la voilette bordée de dentelle, laâdjar, Alexandra Gillet l'a rehaussé avec son regard de femme, au rang de beauté identitaire. Il devient un habit au parler culturel pluriel, exprimant toutes les régions du pays. Tilleli la libre, la voilette réduite à un petit triangle, laisse apparaître ses cheveux, son cou gracile et sa robe. Un chardonneret sur l'index est prêt à s'envoler, l'évasion à portée du geste. Achwak la passion, lourd bijou en argent ornant le cou, le regard expressif, un rose entre les dents échappée de la voilette bordée de dentelle. Comme un appel au bonheur. Kahina la reine berbère, visage découvert, auréolée d'un voile bleu, brandissant un ballon en forme de cœur et le sourire ensorceleur. Izdihar couleur d'ébène, ferme et décidée, la force des mots en elle. Yamma la voix, toute de douceur, maternelle presque fragile et attentionnée pour plus vulnérable qu'elle. Siwa la beauté, Baya la douce ou encore Awina l'amie, les portraits sont comme les soleils des indépendances. Et puis, l'artiste interfère avec l'humour en offrant une sucette bonbon à Chupa la gourmande, la généreuse avec le cœur sur la main. La forme plaisante ne s'arrête pas là, puisque alexandra Gillet la traduit avec Basma, le sourire ou l'audace de la joie exprimée ainsi que par Anarose l'espoir, qui ose afficher son cœur enflammé. Comme on peut le constater, les prénoms des femmes peintes sortent de l'ordinaire, ils renvoient à l'authenticité du haïk, comme élément identitaire à l'exemple des bijoux en argent reproduits sur les toiles. L'exposition «Haïk Vibes. Amour, Mystère et féminité», se situe dans l'environnement ambiant d'une culture séculaire qui a toujours cultivé le secret autour de la femme. Alexandra Gillet est née à Paris en 1971. Bretonne d'origine, Nîmoise et aussi Algéroise de cœur, réside à Alger depuis quinze ans. Elle a déjà exposé des portraits de femmes inspirés du Fayoum en 2012, au Caire, en Egypte. On peut voir «Haïk Vibes. Amour, Mystère et féminité» à la galerie Sirius, au boulevard Krim Belkacem (Telemly) jusqu'au 31 mai 2016.