Résumé de la 1re partie n S'aventurer dans les rues de Pyramiden revient à remonter le temps, au faîte de la gloire de l'URSS. Le charbon va changer la donne en 1920. A cette date, la Norvège, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se réunissent avec d'autres Etats pour la rédaction du traité concernant le Spitzberg qui attribue à la Norvège la souveraineté du Svalbard. «Ce qui n'a pas plu aux Russes, c'est que personne ne leur a demandé leur avis en raison de la guerre civile qui déchirait alors le pays», explique Steve Coulson, chercheur spécialisé en biologie arctique à l'université du Svalbard. Mais la Russie n'avait pas dit son dernier mot. Selon le traité, les lois norvégiennes n'avaient pas vocation à être appliquées sur les îles. Il spécifiait en outre que les signataires avaient les mêmes droits en matière de développement commercial dans la région. Suivie par plus de quarante pays, la Russie a rejoint le traité. La Norvège et l'Union soviétique ont rapidement compris le rôle que pouvait jouer le Svalbard sur le plan commercial. En 1926, la Norvège finance la construction de Longyearbyen, qui deviendra la ville la plus peuplée de l'archipel avec quelque 2 000 habitants. En 1936, les Soviétiques acquièrent les droits d'exploitation des bassins houillers de Barentsburg et de Pyramiden, séparés de 90 km. Trust Arktikugol, entreprise publique fondée en 1931, prend la tête des opérations. Pyramiden, qui tire son nom de la forme de la montagne qui la domine, est longtemps restée vide ou presque. Après la Seconde Guerre mondiale, les Soviétiques font le choix d'investir davantage d'argent dans le lointain avant-poste. Les constructions bourgeonnent par dizaines, incluant un hôpital, un centre culturel ainsi qu'une vaste cafétéria que décore une immense mosaïque représentant les paysages du Svalbard et les héros de la mythologie nordique. Seule exception aux lignes droites de l'architecture soviétique, les angles des bâtiments sont arrondis pour réduire l'érosion due aux vents polaires. Dans les années 80, on compte un peu plus de 1 000 habitants permanents dans la cité, alors au sommet de sa gloire. Ils se répartissent dans plusieurs immeubles résidentiels qui trouveront vite leurs surnoms : les hommes célibataires vivent au Londres, les femmes célibataires, elles, investissent le Paris, dont un bar occupe le rez-de-chaussée, les enfants qui jouent dans ses couloirs valent à «la maison folle», immeuble où se rassemblent les familles, son surnom, le Gostinka («hôtel», dont il n'avait que le nom, en russe) était réservé aux ouvriers qui venaient pour des contrats courts. A suivre