De «nouveaux» mendiants ont fait leur apparition tout au long de ce mois de ramadan. Contrairement aux autres, ces femmes et ces hommes appartiennent à ce qu'on appelle la «classe moyenne», avec un travail et un salaire, mais n'hésitent pas à demander la charité. Leur approche est différente, elle est beaucoup plus discrète. De nombreuses personnes, dont il est très difficile d'estimer le nombre, particulièrement chefs de famille salariés, non salariés et retraités recourent à une nouvelle pratique de mendicité. Comment cela se passe ? Les «nouveaux» mendiants évitent quasiment cette histoire de tendre la main, qui pourrait toucher à leur dignité et préfèrent en toute discrétion utiliser des moyens plus rusés, en suscitant la sympathie des gens ciblés. Tous les moyens sont bons pour attirer l'attention sur ces derniers. Sans aucune hésitation, une femme habillée de façon décente accoste tout naturellement et l'air de rien, dans un bus, une autre dame et se met à lui parler de son fils malade qui a besoin de nourriture. «Je n'ai même pas une pièce d'argent pour payer de l'eau minérale à ma mère qui se trouve depuis trois mois à l'hôpital Mustapha Pacha (…) heureusement que les autres malades lui donnent de la nourriture là-bas», nous dit, à la sortie du marché de Réda Houhou, une autre femme, la cinquantaine un peu passée, non salariée. Bien sûr, cette femme a d'abord pris tout son temps dans une approche sympathique avant de passer à l'essentiel. Il y a quelques jours un homme salarié nous a abordés pour nous raconter en détail le cas de son père qui «nécessite beaucoup d'argent pour effectuer une intervention chirurgicale». «Ecoutez, je ne suis pas un mendiant, croyez- moi, je travaille et je gagne bien ma vie, mais je n'ai pas pu payer les soins qui coûtent les yeux de la tête dans une clinique d'Alger». A citer par ailleurs le cas d'une vieille, qui devait incessamment partir en retraite et qui a eu la chance de rencontrer un bienfaiteur généreux, qui lui a donné une somme d'argent pour couvrir les frais du mariage de sa fille adoptive. «Dès que je lui ai parlé de ma souffrance, il a tout de suite sorti de sa poche une grande somme d'argent..», nous dévoile-t-elle, émue et heureuse d'avoir pu régler ce gros problème. Il y a aussi le cas de cette femme habillée avec classe et qui habite dans un quartier huppé à Alger, mais qui n'éprouve aucune gêne à raconter que son père s'est remarié et qu'elle a été obligée d'aller travailler, mais qu'elle n'a pas été payée durant ce ramadan. Les exemples sont nombreux, mais ne se ressemblent pas. Cependant, de nombreuses personnes, vraiment nécessiteuses, osent rarement manifester leur détresse. En revanche, si peu de personnes et étrangers en Algérie, SDF ou pauvres, travaillent de manière illégale contre un maigre revenu, il n'en demeure pas moins que la plupart d'entre elles s'adonnent à la mendicité, comme les petits enfants maliens qui font quotidiennement des navettes par le tramway parcourant la ligne Bordj El kiffan-Ruisseau pour ramasser de l'argent .