Attaques n L'opposition de droite accentue ses critiques à l'égard d'un gouvernement accusé de laxisme. Elle appelle, relayée par des magistrats et des avocats, à une refonte du droit pénal pour l'adapter au défi terroriste. Après avoir affiché une courte cohésion avec les responsables religieux, lors d'une messe hier soir à la mémoire du prêtre tué en la cathédrale de Notre Dame à Paris, la classe politique s'est à nouveau déchirée ce jeudi sur des manquements présumés à la sécurité. Pour l'attentat de Nice le 14 juillet (84 morts), l'opposition de droite et d'extrême droite a dénoncé une sécurité insuf-fisante. L'Exécutif a répondu qu'aucune "faille" n'était à reprocher aux forces de l'ordre. Pour le meurtre du prêtre, les autorités vont devoir expliquer pourquoi les deux tueurs n'ont pas été mieux surveillés alors qu'ils étaient connus des services de renseignement. A la Une du quotidien de droite Le Figaro, le numéro deux du parti Les Républicains de l'ancien président Nicolas Sarkozy, a réclamé ce jeudi la démission du Premier ministre Manuel Valls et de son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. “Valls et Cazeneuve doivent partir", souligne Laurent Wauquiez, en jugeant que "la culture de l'impuissance a succédé à la culture du laxisme". "J'estime que François Hollande mérite tout sauf des applaudissements", a également estimé ce jeudi le numéro deux du parti d'extrême droite Front National, Florian Philippot. "L'unité du peuple français est là (...). Mais la réponse doit être concrète, on doit sortir des bougies, des slogans et des fleurs". Les appels à la "cohésion" de la société lancés par l'Exécutif sont compliqués par la très forte impopularité de François Hollande, alors que les positions de part et d'autre se durcissent aussi à l'approche de l'élection présidentielle de 2017. L'assassinat du prêtre par des djihadistes est une première dans un lieu de culte catholique en Europe. Cet attentat a traumatisé les Français bien au-delà des catholiques. A Saint-Etienne-du-Rouvray, dont le maire est communiste, roses blanches, ours en peluche et bougies se sont accumulés devant l'entrée de la mairie, avant un grand rassemblement prévu ce jeudi. Face aux demandes de la droite d'un durcissement de la législation antiterroriste, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a rejeté l'idée d'une mise en rétention des personnes fichées pour radicalisation islamiste : ce serait, selon lui, "anticonstitutionnel" et "totalement inefficace". Accusé par des élus de droite à Nice et par le quotidien Libération d'avoir menti sur le dispositif de sécurité déployé au soir du 14 juillet, quand un Tunisien avait foncé dans la foule au volant d'un camion, le ministre a pu s'appuyer sur un rapport de la "police des polices" selon lequel ce dispositif n'était pas sous-dimensionné. Ce rapport a aussitôt été contesté par la droite. Les appels à la "cohésion" de la société lancés par l'Exécutif sont compliqués par la très forte impopularité de François Hollande, alors que les positions de part et d'autre se durcissent aussi à l'approche de l'élection présidentielle de 2017. Troubles du comportement l Issu d'une famille sans problèmes mais souffrant de troubles du comportement, radicalisé récemment et obsédé par la Syrie, Adel Kermiche, l'un des meurtriers du prêtre français égorgé mardi dans son église, était, à 19 ans, selon divers témoignages, une "bombe à retardement". Né le 25 mars 1997 en Normandie, région du nord-ouest de la France où a eu lieu l'attaque, Kermiche était issu d'une famille nombreuse d'origine algérienne sans histoire, selon ses voisins et proches. Celle-ci avait d'ailleurs signalé sa radicalisation et s'inquiétait de la pente suivie par le jeune homme, selon un représentant musulman de la ville. Car son parcours est heurté. Selon le quotidien français Le Monde, Adel Kermiche a été suivi psychologiquement dès l'âge de six ans et a effectué durant son adolescence plusieurs séjours en hôpital, dont 15 jours dans une unité psychiatrique. Décrit comme un “enfant hyperactif", puis exclu à 12 ans du collège pour "troubles du comportement", il était une véritable "bombe à retardement", selon le témoignage d'un jeune du quartier cité par le quotidien Le Parisien. Le jeune homme habitait avec ses parents une maison située à près de deux kilomètres de l'église où a été assassiné le prêtre. Il a ensuite été abattu avec son complice par la police. Vidéo d'allégeance à l'EI l L'organisation Etat islamique a diffusé hier soir la vidéo d'une déclaration d'allégeance des deux assassins. Cette vidéo diffusée par l'agence Amaq, organe de propagande de l'EI, montre deux jeunes hommes à côté d'une bannière de l'EI, l'un d'eux récitant en arabe avec un fort accent le texte traditionnel d'allégeance à l'"émir des croyants" Abou Bakr al-Baghdadi. L'EI avait aussitôt revendiqué mardi la prise d'otages dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray au cours de laquelle un paroissien a été grièvement blessé. Les réservations de vols chutent l L'attentat du 14 juillet à Nice a amplifié la baisse des réservations de vols vers la France pour août et septembre, qui atteint désormais 20%, selon la société spécialisée ForwardKeys. Avant l'attaque -84 morts, 435 blessés-, les réservations de vols pour la période août-septembre étaient déjà en recul du 16% par rapport à l'an dernier, en raison notamment des attentats du 13 novembre à Paris (130 morts), précise ForwardKeys dans un communiqué. L'analyse des données de réservations montre également une chute des réservations sur août-septembre depuis l'étranger vers Nice (sud-est), de -14% à -19% après l'attentat. ForwardKeys a aussi mesuré l'effet immédiat de l'attaque du 14 juillet sur les vols internationaux : dans la semaine qui a suivi (15-23 juillet), les arrivées de touristes ont chuté de 8,8% en France et de 9,4% à Nice par rapport à la même période en 2015. La saison estivale était pourtant bien partie, avec une fréquentation stable dans l'Hexagone (-0,2%) et en hausse dans la métropole azuréenne (+2%) entre le 1er et le 14 juillet.