Action n Une caravane nationale de sensibilisation et de formation à l'entrepreneuriat féminin a sillonné plusieurs wilayas du pays au mois de février dernier. La caravane procédait à l'installation d'un réseau local de femmes entrepreneurs, chefs d'entreprises et porteuses de projets à chaque escale. Il s'agit d'inciter les femmes à créer des petites et moyennes entreprises, surtout celles porteuses d'idées et de projets et de les orienter vers les différents dispositifs mis en place par l'Etat, en plus de faire connaître, à travers ses tournées, les mesures portant sur la formation et l'accompagnement des porteuses de projets. Initiée par la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, l'objectif de cette action est de «créer des espaces pour les femmes chefs de PME leur permettant l'échange et le partage d'expériences et d'asseoir leurs positions sur le marché», selon Fatiha Rachedi responsable du volet formation. La ministre de la Solidarité a appelé, dans ce cadre, les autorités à fournir aux femmes entrepreneures des espaces de débats accompagnés d'outils pratiques permettant d'établir des liens avec les partenaires économiques et les opérateurs économiques pour participer plus concrètement à la dynamique du développement local. Ce périple a commencé à Batna où 46 femmes au total ont pris part aux deux ateliers de formation organisés au chef-lieu de wilaya. Faisant savoir que «peu importe si un tel réseau n'a pour l'heure aucune base juridique, en témoignent les résultats probants réalisés par la caravane lors de sa première étape», Mme Rachedi a indiqué que la création du réseau de wilaya des femmes entrepreneurs fait de Batna une « wilaya référence » dans ce domaine, en attendant de voir la création d'un réseau national à l'issue de cette caravane qui traversera les 48 wilayas. Enregistrant la présence de nombreux opérateurs, femmes entrepreneurs, porteuses de projets, diplômées et stagiaires des centres de formation, des ateliers portant notamment sur les mécanismes de création d'entreprises et les moyens de leur pérennisation ont été ouverts au profit des femmes. La deuxième halte a été dans la wilaya d'Oran. La mission a été lancée en présence d'experts en matière de soutien et d'accompagnement dans ce domaine et avec la participation des dispositifs d'emploi. La capitale de l'Ouest a, à cette occasion, mis en valeur le rôle et la place de la femme entrepreneur dans le champ économique. La chef de service solidarité à la direction de l'action sociale d'Oran a valorisé l'engouement de la gent féminine d'Oran pour les dispositifs de création d'entreprises. A Tizi Ouzou, des communications ont été données par les partenaires de la DAS dans le cadre de cette initiative, notamment les trois dispositifs de l'emploi, l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi), la chambre de l'artisanat et des métiers (CAM) et la direction de la petite et moyenne entreprise (DPME). Les organisateurs ont prévu deux ateliers de formation consacrés à l'acquisition des capacités managériales et le développement des compétences au profit de la gent féminine dans le cadre de cette caravane qui a repris sa route vers Sétif puis Mostaganem. A. B. Le bilan en chiffres Constat n Sur 741 000 dossiers de microcrédits financés par l'Etat et ayant généré un million d'emplois, environ 67 % des bénéficiaires se recrutent parmi la frange féminine, essentiellement issue des régions isolées. Entre 2015 et 2016 pas moins 1 338 femmes ont bénéficié de microcrédits à travers 8 communes rurales pilotes et 11 329 jeunes filles ont bénéficié d'aides auprès des directions de développement social. Depuis son lancement, 20 000 femmes ont bénéficié de microcrédits a travers le territoire national. La wilaya de Tizi Ouzou semble prendre les devants en matière d'entreprenariat feminin. Ainsi, selon les chiffres communiqués à l'occasion du lancement de la caravane d'information et de sensibilisation à l'entrepreneuriat féminin, sur les 581 projets, 391 destinés à la création de micro-entreprises et à l'achat de matières premières. Des projets, qui pour la majorité financés par l'Agence nationale de gestion du micro crédit (Angem), devront générer 193 postes d'emploi. Pour sa part, la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) a financé, durant la même période (année 2016), 104 projets dans différents secteurs d'activités pour la création de 294 emplois dans la même wilaya. Quant à l'Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes (Ansej), elle en a financé 86 ayant créé 219 emplois directs durant l'année écoulée, selon des représentants de ces deux organismes. Cette stratégie de promotion de l'entreprenariat féminin dont l'objectif est l'implication de la femme dans la vie économique nationale est de bon augure pour la population féminine de cette région. Les femmes semblent être bien conscientes de l'enjeu de cette activité. La participation record lors des initiatives lancées à travers les communes de la wilaya comme Tizi Ouzou, Azzazga, Tigzirt, Larbâa n'Ath Irathen et Draâ El Mizan en est une preuve édifiante pour une région qui se distingue par ces villages perchés sur les montagnes compliquant davantage les initiatives d'investissement. Sauf que ces jeunes femmes qui reviennent à la maison avec un diplôme universitaire refusent la fatalité du chômage en s'offrant des microcrédits salutaires pour s'affirmer socialement. Une situation confirmée par la représentante du ministère de la Solidarité nationale, Nabila Medjber, sous-directrice de l'intégration sociale et économique de la femme qui a affirmé que «les femmes sont de plus en plus présentes dans le secteur économique et dans plusieurs domaines d'activités». Néanmoins, des difficultés continuent à compliquer la tâche à ces femmes décidées à aller de l'avant sans hésiter à exprimer devant les autorités locales ces difficultés qui entravent leurs démarches. C'est ce qui s'est passé devant Mohammed Bouderbali, wali de Tizi Ouzou, aux stands animés récemment par une quarantaine des femmes entrepreneurs, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri. Elles leur ont fait part des différents problèmes qui les empêchent de développer leurs activités et d'envisager l'extension de leurs unités, notamment celui de la sous-location. L'engagement en masse de ces femmes entrepreneurs reste, en tout cas, un indice prometteur qui pourra distinguer à l'avenir la wilaya de Tizi Ouzou sur le plan de la politique de l'emploi. Et pourra constituer un élément clé dans l'augmentation du taux d'accès de la femme au monde du travail et à développer les activités génératrices de revenus.