Résumé de la 5e partie - Arrivée à la page 44, j'ai failli m'effondrer dans le caddie qui était derrière moi. Un jeu palpitant à en mourir ! Donnez simplement la bonne réponse en passant à la caisse, et vous partez tranquille, sans payer.» Tranquille, sans payer», vraiment ! Je comprenais ce que cela signifiait, au sens éternel du terme. Mais si on ne réussissait pas à répondre à la question ? Naturellement, conformément aux bonnes méthodes de marketing, les journalistes ne le disaient pas. Ils n'expliquaient pas non plus à quelle question il fallait répondre. Mais ça, je pouvais le deviner. J'ai pris un exemplaire du Condé Nast Traveler (Spécial Styx). Cette fois, je n'ai pas eu besoin de consulter la table des matières. L'article de fond s'intitulait : «Comment êtes-vous mort ? Gagnez un voyage gratuit au Paradis.» Aussi vite que possible, j'ai découvert les règles du concours. Pourquoi n'avais-je pas mis mes lentilles de contact ? Le croque mort aurait pu ne pas les voir, et m'enterrer avec. «Présentez-vous à la caisse avec un article, qu'un article seulement, indiquaient-elles avec insistance. Vous pouvez choisir ce que vous désirez dans le magasin.» Qu'est-ce qu'ils veulent ? Un berlingot de lait, ou un bidon de crème glacée, pour indiquer comment je suis morte ? ai-je demandé à ceux qui se trouvaient devant moi. Mais la queue, qui avait comporté jusquà douze blaireaux somnolents, ne comptait plus que quatre castors industrieux occupés à déposer leurs quelques achats sur le tapis roulant. Ils n'avaient pas le temps de se soucier de moi. — Quant à moi, je n'avais certainement pas de temps à perdre avec eux. Je cherchais frénétiquement un indice autour de moi. Comment étais-je morte ? Qu'est-ce qui pouvait bien symboliser les circonstances de mon décès ? Un couteau du rayon coutellerie ? Un paquet de cigarettes (même si je ne fumais pas) ? Un rouge à lèvres du présentoir derrière moi ? Une boîte de soda à la cerise — c'était, à mon avis, ce qui évoquait le mieux le poison. Comment donc pouvais-je choisir, si je ne savais pas comment j'étais morte ? Bon sang, c'était comme tous les concours auxquels j'avais participé — une infime chance de gagner, et aucun moyen de tricher. Comme pour les queues — une fois dedans, on vous tient. Peu importe combien de temps vous vous gelez les pieds. Je regardais furieusement autour de moi. Mes yeux se sont posés sur un exemplaire de Country (no longer) Living. En l'ouvrant, je suis tombée sur la photo d'une route — une chaussée à deux voies, au milieu des vignobles. J'y figurais. De même que sur la page précédente : trois photos de moi. Moi, en train d'attendre une table libre pour déjeuner au Tortoise ; moi, tambourinant des doigts pendant que la serveuse accomplissait son onzième voyage aux cuisines avant de m'apporter mes œufs Bénédict ; moi, repoussant ma chaise en tapant du pied jusqu'à ce qu'elle veuille bien me donner l'addition. A suivre