Spectacle Embrasse-moi le cactus est une chorégraphie, belle, chargée d?humour et particulièrement divertissante. Embrasse-moi le cactus est l?intitulé de la pièce chorégraphique présentée, dimanche, au Théâtre national, par Sol Pico, une jeune danseuse, disons une ballerine mêlant savamment et suavement des pas classiques à une expression corporelle contemporaine, un mélange de gestes et de tons qui s?est fait avec adresse, fantaisie, voire avec inventivité. Le spectacle est amusant, divertissant et dynamique. L?on n?a pas besoin de lire le mouvement, d?interpréter la gestuelle, ou encore de tenter de commenter intellectuellement le «texte chorégraphique» lui-même. Il s?agit en fait d?une chorégraphie qui, largement démonstrative ? dans la mesure où il y a énormément d?éléments accrocheurs qui s?en dégagent ? suscite singulièrement la sensibilité, l?émotion de chacun. La pièce raconte une femme qui investit avec souplesse et largesse l?espace scénique, elle l?investit de son charisme corporel, de sa générosité gestuelle et de son caractère munificent et drolatique la scène où est conçu un décor (miroir, chaise d?un cour de tennis, cactus géant?) par lequel elle réalise ses différentes démonstrations chorégraphiques. C?est un personnage étonnant, excentrique qui agit avec beaucoup de cocasserie et d?humour. Seule sur scène, le personnage de Sol Pico bouge, danse et se meut avec vivacité au gré de l?espace où son personnage, très saillant est inscrit laissant le public médusé devant de telles performances physiques. Elle s?engage dans des jeux passionnants et dynamiques, parfois tendres et gracieux, parfois hilarants et remarquablement époustouflants, le tout s?articulant dans des tournures spectaculaires, dans des disciplines pleines d?adresse, d?ingéniosité et de beauté, également. Elle adopte une attitude lui permettant d?attirer les regards sur elle, de susciter l?attention du public qui ne cesse, d?un bout à l?autre du spectacle, de suivre ses mouvements et ses déplacements, d?observer son comportement et d?interroger son jeu. Mais il n?y a rien à dire : point de réflexion, ni d?interprétation. Il suffit seulement de tendre l?ouïe au fond musical qui conduit et fait exécuter les pas, aussi bien classiques que contemporains. Même la musique (latino, classique et orientale) est réajustée et réinterprétée selon les besoins de la chorégraphie dans un style contemporain, mais laissant dénoter l?aspect originel des chansons. Le personnage qu?incarne Sol Pico est imaginaire. En fait, il s?agit d?une illusion nocturne qui s?est matérialisée. C?est un personnage imaginaire, imaginé, une femme sortie, comme par enchantement, du rêve d?un premier personnage, un homme, que l?on voit arriver sur scène, au début du spectacle, et s?installer sur une chaise. Un homme anonyme qui ne fait, tout au long de la performance chorégraphique, que suivre, de loin comme de près, ce fantasme féminin qui a pris forme et qui évolue avec aisance dans l?espace scénique où il prend des proportions extraordinaires. Parfois, il prend part à son jeu. Une série de figures corporelles très intenses e t soigneusement imaginées ponctue l?ensemble du jeu à travers lequel Sol Pico s?impose à son public. Embrasse-moi le cactus, organisé par l?institut Cervantès, Centre culturel espagnol d?Alger et avec la participation de Repsol, est une belle chorégraphie, chargée d?humour et particulièrement divertissante ; elle s?articule à différents niveaux et dans des actions physiques multiples. Les actions que Sol Pico exécute appellent à un effort physique qu?elle mêle à des attitudes franches, pleines d?allure et purement esthétiques.