Juste après le f?tour, une fois Alger enveloppée par la nuit, deux mondes se côtoient presque sans se voir : celui des damnés et celui des nantis. Dès que la nuit tombe, juste après le f?tour, Alger change de visage. Dans l?obscurité qui couvre les ruelles mitoyennes de la capitale et les boulevards bondés de monde, une autre vie commence. Des familles sortent, baguenaudent dans les artères de la ville et font du lèche-vitrine pour acheter les vêtements de l?Aïd. Les enfants qui crient leur joie courent dans tous les sens. Des jeunes et moins jeunes prennent des cafés en plein air ou marchent tout simplement après un repas consistant et chaud. Les familles les plus aisées peuvent se permettre des soirées dans des khaïmas spécial ramadan ou dans les grands hôtels de la capitale. Elles dégustent de bons plats traditionnels dans une ambiance musicale que créent des chanteurs notoires. Pourtant, non loin, certains citoyens, jetés à la rue, pour une raison ou une autre, ne peuvent rien se permettre de ce luxe ou de ces plaisirs. Cette convivialité, cette chaleur et cette gaieté leur sont interdites. Voilà comment on se côtoie sans vraiment se voir et sans jamais se rencontrer. A chacun son ramadan, sa veillée, ses larmes et ses joies. À chacun sa soirée.