Résumé de la 9e partie Ce fut un bonheur immense de voir ces personnes venir au chevet d'une jeune fille rayonnante de beauté et de grâce, qui dormait sereinement sous un olivier. Un jour, elle surprit le sabre magique que son époux avait rangé dans son coffre. Elle le contempla et apprécia la finesse de sa décoration. Dès que son mari la rejoignit, elle l'interrogea : «D'où te vient ce magnifique sabre ?» Voilà que le jeune homme se rappela la promesse faite au vieux sage, le propriétaire du sabre magique. Il répondit à sa femme : «Heureusement que tu m'as parlé de lui, sinon je l'aurais complètement oublié. Ce sabre est la clé de notre salut, ma chérie. Il faut que je le rende à celui qui me l'a prêté.» Dès le lendemain, le prince sella son cheval, prit quelques provisions et se dirigea vers la maisonnette du vieux sage. Quand celui-ci le vit arriver, il le prit dans ses bras et lui confia : «J'étais sûr que tu reviendrais, mon enfant ! Tu es un homme de qualité, ce sabre t'appartient, je te l'offre. Quelque chose, cependant, attriste mon c?ur. ? Qu'y a-t-il donc, père ? ? II y a dans ce bas monde une mère qui pleure ton absence depuis des années. Elle te croit mort et s'en veut de n'avoir pu te sauver. Je l'entends se plaindre à tous les saints à l'approche de chaque hiver. N'est-il pas temps d'aller la consoler ?» Le jeune homme se souvint tout à coup du regard déchiré que lui avait lancé sa mère la nuit où l'ogresse l'avait arraché à elle. Il regretta profondément de l'avoir oubliée. Le vieux sage le consola : «Ce n'est rien mon brave garçon ! L'oubli est de nature humaine, va la rejoindre ! Elle sera certainement heureuse de te revoir.» Le jeune homme retrouva le chemin de son pays natal et offrit à sa malheureuse mère le plus beau cadeau que l'on puisse offrir à une mère au premier jour du printemps. En effet, quand elle vit s'avancer vers elle un jeune homme élégant et distingué, elle lut dans son regard ces liens sacrés qui finissent toujours par réunir une mère et son enfant. Les retrouvailles furent empreintes d'une émouvante ferveur. Le jeune homme raconta à sa mère tout ce qui lui était arrivé et la pria de l'accompagner au royaume de son épouse. La femme, d'une voix mélancolique, lui dit : «Le propre d'une mère est d'élever ses enfants pour les voir partir un jour. C'est la vie. Retourne à ton foyer et prend soin de ton épouse. Reviens me voir dès que je te manquerai, et fais-moi le bonheur d'amener un jour ta descendance. Je suis déjà comblée de te savoir vivant et heureux. Il est vrai que l'on dit toujours que se sont les épreuves qui cisèlent et forgent l'esprit d'un homme et toi, mon garçon, tu as su affronter ton destin dignement. Je suis très fière de toi.» Le jeune homme demeura encore quelques jours auprès de sa mère, de ses frères et s?urs et savoura avec délice les doux moments partagés avec sa famille. Puis il s'en retourna auprès de sa dulcinée à qui il fit le récit de son odyssée. La princesse Clair-de-Lune et son époux vécurent heureux. Il firent la joie de leurs parents quand ils leur annoncèrent la naissance de leur premier enfant, qu'ils prénommèrent Bourgeon-de-Printemps. (*) Extrait des Contes magiques de Haute Kabylie, de Salima Aït Mohamed, 1999. Éditions Autre temps, collection Temps contés.