Entrée en vigueur depuis septembre, la loi, obligeant les propriétaires de biens immobiliers à s?assurer contre le risque de catastrophes naturelles, a du mal à se concrétiser sur le terrain. Un travail de sensibilisation en direction du grand public s?impose, selon les professionnels des assurances. Depuis le 1er septembre, tout propriétaire d?un bien immobilier ou d?une installation commerciale ou industrielle est tenu de l?assurer contre le risque de catastrophes naturelles. C?est ce que stipule l?ordonnance n° 03-12 du 26 août 2003 dont les textes d?application ont été publiés dans le Journal officiel n°55 du 1er septembre 2004. Selon une source bien informée, c?est le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a décidé de rendre obligatoire cette assurance, «alors que les assureurs ne s?y attendaient pas du tout». L?objectif recherché étant d?«allier la prévoyance individuelle à la solidarité nationale, sauvegarder le patrimoine social et économique de la nation et alléger la dépense publique sur les catastrophes naturelles», a indiqué récemment Hadj Mohammed Seba, directeur des assurances au ministère des Finances au cours d?une conférence de presse. Les catastrophes naturelles enregistrées, ces dernières années, dans notre pays ont été, sinon à l?origine, au moins pour beaucoup dans la décision prise par le président de la République. C?est que les inondations de Bab El-Oued en 2001 et le séisme du 21 mai 2003 ont occasionné d?énormes dégâts matériels et l?Etat, chargé de gérer les dispositifs de couverture contre les catastrophes naturelles qui relevaient de la seule solidarité nationale, s?est retrouvé seul ou presque à faire face aux multiples demandes de relogement et d?indemnisation exprimées par la population. Lors du séisme du 21 mai 2003 par exemple, pas moins de 128 000 logements ont été endommagés ou détruits, alors que le secteur économique public a subi des pertes estimées à 50 milliards de dinars. Selon Hadj Mohammed Seba, la participation des sociétés d?assurance dans la couverture des risques de cette catastrophe a été de l?ordre de 4,9 milliards de dinars, ce qui ne représente que 2% du coût global des dégâts. Au-delà de cet aspect, Abdelmadjid Messaoudi pense que l?Etat n?est pas outillé pour gérer avec minutie les cas individuels «d?indemnisation» et «le fait de se référer à un secteur économique, à des entreprises dont le métier est justement d?avoir des contrats individuels et d?indemniser individuellement, c?est dans la perspective d?une gestion plus performante» de ce genre de dossiers. Aussi, l?assurance contre le risque de catastrophes naturelles est un moyen de garantir «une certaine dignité aux individus, parce que quand on est dans un système de solidarité, l?indemnisation est assujettie au bon vouloir de l?Etat, alors qu?avec cette assurance, elle est un droit», ajoute-t-il.