InfoSoir : Pourquoi la durée de vie des trisomiques est-elle courte ? M. Hammada : Il y a quelques années, l?on considérait les trisomiques comme des malades mentaux, donc ils étaient isolés et pris en charge dans des centres pour fous, ce qui aggravait leur maladie. Les progrès de la recherche ont pu prouver qu?actuellement, si la prise en charge médicale et éducative des trisomiques est correcte, ils peuvent vivre plus longtemps, jusqu?à 60 ans ! Comment sont-ils acceptés dans notre société ? Parfois, la réaction des parents s?exprime par le rejet du nouveau-né trisomique, ce qui est tout à fait normal, car il n?est pas l?enfant rêvé, tant attendu et désiré. Parfois, une telle naissance entraîne des déséquilibres au sein du couple ou de la cellule familiale : divorce, rejet des frères et s?urs, de la belle-mère, des parents? Là, il y a tout un travail à faire. Mais nous sommes heureux de constater aujourd?hui que les mentalités commencent à changer et que les parents n?ont plus tendance à cacher leurs enfants trisomiques par honte ou considérer leur naissance comme un châtiment divin ou autre. Votre association rencontre-t-elle des problèmes? Le ministère de la Solidarité nationale nous octroie, depuis trois ans, une subvention suffisante. Sur le plan financier, je peux dire que nous sommes satisfaits, il y a aussi la solidarité citoyenne qui se manifeste en permanence. Notre seul problème est la «lacune» des sièges. Nous avons besoin de locaux pour créer des écoles spécialisées ou des annexes, ce qui n?est pas toujours facile. À titre d?exemple, ouvrir un bureau ou une école dans n?importe quelle commune d?Alger n?est pas possible, nous avons saisi les autorités compétentes, mais rien à faire, aucune suite n'a été donnée. Cette situation nous bloque et réduit notre champ d?action. Quel est votre objectif principal ? Le but que nous nous sommes fixé est de permettre aux trisomiques de vivre normalement et d?acquérir leur autonomie. Nous souhaitons lancer prochainement un atelier polyvalent en faveur des adolescents trisomiques dans certains domaines pour lesquels l?infrastructure et l?équipement ne sont pas difficiles à mobiliser. Cet atelier regroupera plusieurs activités tels la reprographie, le scanning, la reliure, la composition de bouquets avec fleurs séchées, la confection de fleurs en papier ou autre matière, le revêtement des boutons pour habits, le montage de jouets et de cadres en bois? Nous lancerons incessamment des bureaux dans différentes wilayas notamment à Oran, Ksar El-Boukhari et Miliana. L?association projette également de constituer un centre de documentation spécialisé qui regroupera toutes les données sur cette maladie, il sera le premier centre non seulement en Algérie, mais au Maghreb aussi. Notre finalité est d?arriver à lancer les classes intégrées au sein des écoles ordinaires, il faut que chaque école de quartier dispose de classes adaptées aux enfants trisomiques. Ce n?est qu?à ce moment-là que nous pourrons crier victoire. (*) Président de l?Association nationale pour l?insertion scolaire et professionnelle des trisomiques