Résumé de la 5e partie M'hamed s'est fait établir un passeport. Sa femme et ses enfants le poussent à faire le pèlerinage tant rêvé, mais lui, maintenant, hésite. Non, dit-il, je n?irai pas en pèlerinage... Du moins, pas cette année ! ? Et pourquoi donc ?, demande Ouardia, surprise. ? Parce que Tahar veut se marier et que Omar et Kaci doivent acheter une camionnette. ça peut attendre, dit M?hamed. ? Quoi ? Tu as patienté toutes ces années et tu dis que ça peut attendre? ? Je vais continuer à économiser ! J'ai déjà mis de l'argent de côté... ? Tu sais ce que coûte le pèlerinage ? Il te faudra encore une vingtaine d'années pour atteindre la somme... Et puis l'argent que tu économises, il t'arrive d?y recourir ! ? J'attendrai encore vingt ans s'il le faut. ? Tu vas avoir bientôt soixante-cinq ans et tu espères encore vivre vingt ans ? ? Pourquoi pas ?, dit M'hamed. Elle le regarde : il sourit de toutes ses dents. Elle sourit aussi, mais son sourire est triste. Vivra-t-il encore dans vingt ans ? Il a le dos voûté à force d'avoir travaillé, ses mains commencent à trembler et cette pâleur, qui ne le quitte plus depuis plusieurs mois, n'annonce rien de bon. ? Tu sais bien que pour faire le pèlerinage, dit-elle, il faut encore disposer de ses forces. Les vieillards impotents ne sont pas acceptés ! Il sourit encore. ? Qui te dit que je serai un vieillard impotent ? ? Alors, dit Ouardia, en feignant de se mettre en colère, tu ne veux pas aller à La Mecque ? ? Pas maintenant ! ? L'argent de ta mère? ? Les enfants en ont besoin. Je sais que c'est pour faire des choses utiles. Tahar est en âge de se marier, on ne peut pas le priver de ce droit ! Et Kaci et Omar vont acheter un véhicule qui leur sera utile pour leur commerce. Peut-on imaginer de nos jours, un commerce sans moyen de transport ? ? C'est vrai, mais toi... ? Moi, je te le dis : je peux attendre ! ? Vingt ans... ? Mais non, deux ans, trois ans, pas vingt ans ! Les enfants vont travailler et me payer le voyage ! Ils vont le faire, n'est-ce pas ? ? Bien sûr, mais... ? Il n?y a pas de mais qui tienne ! Ouardia a les larmes aux yeux. Elle sait ce que lui coûte sa décision... Elle sait ce que lui coûte de ne pas faire le pèlerinage. Cet argent providentiel, c'était une chance inespérée et il y renonce volontairement, pour l'amour des siens... Ses enfants, à leur tour, vont essayer de lui faire changer d'avis, mais ils n'y parviennent pas. Non, il n'ira pas cette année à La Mecque. (à suivre...)