Pensée Il y a cent ans, Malek Benabi voyait le jour. L?année 2005 est donc l?année du centenaire de l?artisan de la pensée intellectuelle algérienne. Malek Benabi est un éminent penseur algérien, un illustre ? et habile ? artisan de l?idée qui, par son ?uvre, porta le combat contre le colonialisme et parla de l?Islam dans la mesure où cette religion ne devait pas servir à endormir davantage les peuples musulmans en leur parlant de leur passé glorieux, mais en en faisant une «idée travaillante» qui les arrimerait au destin commun de l?humanité. Il cherche par ses écrits, des réflexions d?une grande qualité et extrême sagacité, à orienter l?homme, notamment l?Algérien, vers une autre ? et une nouvelle ? renaissance, en tenant compte de la culture, y compris l?idée religieuse, comme étant un élément fondateur dans l?édification de la société. Pour lui, la culture «n?est pas une science, mais une ambiance dans laquelle se meut l?homme qui porte une civilisation dans ses entrailles. C'est un milieu où chaque détail est un indice d?une société qui marche vers le même destin. (?) C?est cette synthèse d?habitudes, de talents, de traditions, de goûts, d?usages, de comportements, d?émotions, qui donnent un visage à une civilisation et lui donnent aussi ses deux pôles, le génie et l?âme». Il y a un siècle que Malek Benabi voyait le jour. L?année 2005 est donc l?année du centenaire de l?artisan de la pensée intellectuelle. Né le 1er janvier 1905 à Constantine, ville de culture et de renaissance, il acquiert un double enseignement : le premier en arabe à l?école coranique, le second en français à l?école coloniale. En 1930, Malek Benabi poursuit ses études en France. Il obtient son diplôme d?ingénieur en électricité en 1935 ? c?est le premier Algérien dans ce cas. 1946 fut l?année où, doté d?une (solide) double culture, Malek Benabi, éveillé, intelligent et sensible à son environnement, débuta sa carrière intellectuelle en produisant Le Phénomène coranique, paru en 1946. il consacra sa vie à réfléchir aux «problèmes de la civilisation» et développe, en conséquence, sa propre pensée. Une pensée qui s?avérera originale et forte, imprégnée de deux influences musulmane et européenne. Entre 1948 et 1955, Malek Benabi collabore avec la République algérienne et le Jeune musulman, où il écrira environ 200 articles de presse qui contiennent une partie de sa pensée. Lorsque la Révolution du 1er novembre éclate, Malek Benabi est au Caire (Egypte), où il a animé, durant son séjour, de nombreux séminaires. Il demande à être envoyé aux frontières algériennes pour prendre part au combat de libération nationale, mais les responsables du FLN au Caire ne donnent pas de suite à sa demande. Au lendemain de l?indépendance, Malek Benabi rentre en Algérie et occupe le poste de directeur de l?enseignement supérieur de 1964 à 1967 avant d?en démissionner pour se consacrer à son travail intellectuel. Il anime des conférences en Algérie comme à l?étranger, et collabore dans des hebdomadaires, dont Révolution africaine. Le 31 octobre 1973 meurt à Alger celui qui fut le «plus grand penseur de l?Islam contemporain», laissant une ?uvre que le XXIe siècle devrait exploiter pour trouver une voie qui mène au carrefour des civilisations afin de réaliser la «Civilisation humaine».