Décor Ils ont le même profil : ils vivent là, dans le noir et l?humidité et dépensent de grosses sommes pour acheter des? médicaments. La cité Sorécal de Bab Ezzouar détient un triste record : 19 familles occupent, depuis des années, les sous-sols des immeubles, entassées, chacune, dans des espaces d?à peine 50 m2 et contraintes d?allumer torches et lampes puisque aucun rayon de soleil n?y pénètre? depuis toujours. A l?intérieur, il fait noir de jour comme de nuit. «L?Opgi a saisi la justice par le passé mais vous savez, l?Etat ne peut pas traîner devant les tribunaux et éternellement des familles qui sont dans le dénuement le plus total. Ce sont tous des cas sociaux», affirme un responsable de l?organisme chargé de la gestion immobilière. Pour la plupart de ces familles, il s?agit d?indus occupants qui, voulant fonder un foyer, ont quitté leur domicile, situé dans les étages supérieurs du même immeuble ou dans un immeuble voisin à cause du problème de la promiscuité. Ils n?ont pas trouvé mieux que d?accaparer ces lieux qui, après des travaux d?assainissement, d?étanchéité surtout, sont devenus leurs propres demeures, au vu et au su de tout le monde. Outre cette intrusion «acceptée» par quelques voisins indulgents et «refusée» par ceux qui estiment avoir un droit sur ces caves, il existe aussi un autre phénomène «d?indus occupants», mais d?un genre tout autre, des vides sanitaires dans cette même cité Sorécal. Il s?agit évidemment de jeunes drogués qui investissent les lieux, à la tombée de la nuit surtout, arrivant même à s?entre-tuer à coups de cran d?arrêt dans une montagne d?ordures. Pour les familles, classées «cas sociaux», ces petits refuges sont dépourvus de bouches d?aération et de fenêtres. Tout le monde dans les lieux dit : «Allah ghaleb, on n?a pas où aller» ou ressassent souvent que c?est le «mektoub». La justice, l?Etat ? Les «damnés de la terre» ne veulent surtout pas en entendre parler. Et les conséquences irrémédiablement douloureuses de ces conditions de vie s?appellent : asthme, maladies pulmonaires, hépatites, allergies. Dans la plupart de ces endroits, la remontée des eaux usées bouchent les regards du réseau d?assainissement, surtout durant les jours de forte pluie. Outre l?Opgi qui veut être rétabli dans ses droits, le recours à la justice a été opéré aussi par quelques locataires qui considèrent que ces caves leur reviennent de plein droit alors que les plus «compatissants» disent préférer fermer les yeux pour ne pas accroître le malheur de ces familles.