Réaction «Non, les gens fabulent.» Telle est la réponse tranchante de Aziz, infirmier au CHU Mustapha. Il rejette en bloc toutes les accusations ciblant les infirmiers. «La plupart de mes collègues font correctement leur travail». «Ils ne trichent pas», précise cet infirmier. Omar abonde dans le même sens que son collègue. «Les malades nous méprisent alors qu?avec les médecins, ils se comportent d'une manière respectueuse». «Je n'arrive pas à comprendre cette attitude, pourtant, c'est nous qui sommes sollicités lorsqu'ils ont besoin de quelque chose». «Parfois, continue Omar, les malades exagèrent. Ils nous demandent de leur acheter des journaux, des fruits, des lames de rasoir. On se dit qu'ils sont malades et qu? il faut les aider, alors on le fait». Un infirmier rencontré au service de phtisiologie, déclare : «La nuit, c'est nous, infirmiers, qui assurons la garde. Les médecins passent leur temps à dormir, nous les réveillons juste en cas d'urgence.» Sa collègue soulève un autre problème, celui du «sous-effectif». «Nous travaillons, explique cette infirmière, dans des conditions difficiles. Il nous arrive de nous occuper de plusieurs malades en même temps. Il est impossible d'accomplir un bon travail dans ces conditions». Les normes internationales définissent le nombre selon les cas. «La norme est un infirmier pour dix malades, parfois, moins et ce, jusqu'à un infirmier pour un malade dans quelques cas. Or, chez nous, un infirmier s'occupe, à lui seul, de dizaines de malades», précisera cette infirmière. L'autre insuffisance relevée par les paramédicaux est la fiche de paie. «Nous sommes sous-payés. La fiche de paie des paramédicaux est ridicule», disent-ils. C?est pourquoi que «la plupart ne travaillent pas sérieusement». «On est au bas de l'échelle», estime, pour sa part, Djamel, également infirmier. «La contrepartie n?est pas en adéquation avec le travail» «C'est pourquoi, la plupart des infirmiers préfèrent travailler au noir, pour arrondir leur fin de mois». Il précise que le métier d'infirmier est à risque. «Nous nous occupons de malades atteints de maladies contagieuses. Donc, nous risquons sérieusement notre vie à leur contact. C'est aussi pour cette raison que nous demandons des indemnités conséquentes.»