Eclairage Paru aux éditions Apic, Albert Camus : assassinat post mortem est une étude sur l??uvre de l?écrivain algérianiste. D?abord, Albert Camus, né en Algérie, ne cesse, jusqu?à présent, de susciter des interrogations, même s?il reste «toujours boudé par l?Algérie et plus ou moins camisolé par la France». A travers ce livre, un travail réalisé par Mohamed Lakhdar Maougal, Aïcha Kassoul, Malika Kebbas, Thanina Maougal, tente de définir l??uvre camusienne. Il est question de «l?idée centrale» de Camus, à savoir «la possibilité d?un syncrétisme culturel», ou «l?émergence d?un être ayant réussi à faire coexister, en lui, des référents aussi divers que différents». Il s?agit certes d?une utopie, mais pour Camus, il est plutôt question d?une conviction idéologique. Mohamed Lakhdar Maougal écrit : «Cette utopie, absurde à l?époque, Camus la défendra jusqu?à sa mort contre le projet algérien indépendantiste. À la réalité historique de la revendication indépendante ascendante, Camus opposera une utopie mythique d?un fédéralisme politique. Le but assigné à cette utopie visait à juguler le nationalisme menaçant et le radicalisme séparatiste.» Il est abordé, par ailleurs, le rapport Albert Camus/Kateb Yacine, rapport antagoniste. Kateb réplique à Camus. Lakhdar Mohamed Maougal écrit : «C?est dans un poème du recueil Soliloque (1946) que Yacine Kateb ouvre la polémique indirecte avec Albert Camus, polémique sourde, indirecte et sans concession et qui se prolongera, comme nous allons le voir, pendant près de quinze ans, polémique toute feutrée mais esthétiquement très productive.» Il est abordé également la relation Albert Camus/Mouloud Mammeri. Les deux étaient des intellectuels engagés. «(?) Tous deux optant pour l?homme, l?esprit, l?intelligence, la justice et condamnant la force, le désespoir, la tyrannie, fidèle en soi à leur formation classique empreinte d?hellénisme.» Enfin, le rapport Albert Camus/Frantz Fanon est exposé aussi. Il s?agit de relever les deux positions, camusienne et fanonienne, sur la question coloniale et sur les moyens de la résoudre. L?hypothèse d?Albert Camus «(se) propose à travers une utopie de régler la question coloniale par l?effacement identitaire dans un mouvement général de syncrétisme culturel et social», alors que celle de Frantz Fanon «part de la nécessité de régler la question coloniale dans la problématique générale du mouvement historique de décolonisation qui commence au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.» Ainsi, Albert Camus : assassinat post-mortem est un livre qui vient nous éclairer sur les controverses opposant à la fois Albert Camus à ses contemporains, à savoir Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib et Frantz Fanon, dans une Algérie confrontée à des aspirations idéologiques divergentes, contradictoires.