Résumé de la 30e partie Le grand vizir n'avait encore rapporté aucune affaire, quand le sultan aperçut la mère d'Aladdin. Aussitôt, le grand vizir montra cette femme au chef des huissiers qui était debout, prêt à recevoir ses ordres, et lui commanda d'aller la prendre et de la faire avancer. Le chef des huissiers vint jusqu'à la mère d'Aladdin et, au signe qu'il lui fit, elle le suivit jusqu'au pied du trône du sultan, où il la laissa pour aller se ranger à sa place près du grand vizir. La mère d'Aladdin, instruite par l'exemple de tant d'autres qu'elle avait vus aborder le sultan, se prosterna le front contre le tapis qui couvrait les marches du trône, et elle demeura en cet état jusqu'à ce que le sultan lui commandât de se relever. Elle se leva ; et alors : «Bonne femme, lui dit le sultan, il y a longtemps que je vous vois venir à mon divan, et demeurer à l'entrée depuis le commencement jusqu'à la fin : quelle affaire vous amène ici ?» La mère d'Aladdin se prosterna une seconde fois après avoir entendu ces paroles ; et, quand elle fut relevée : «Monarque au-dessus des monarques du monde, dit-elle, avant d'exposer à votre Majesté le sujet extraordinaire et même presque incroyable, qui me fait paraître devant son trône sublime, je la supplie de me pardonner la hardiesse, pour ne pas dire l'impudence de la demande que je viens lui faire : elle est si peu commune que je tremble et que j'ai honte de la proposer à mon sultan.» Pour lui donner la liberté entière de s'expliquer, le sultan commanda que tout le morde sortît du divan, et qu'on le laissât seul avec son grand vizir ; et alors il lui dit qu'elle pouvait parler et s'expliquer sans crainte. La mère d'Aladdin ne se contenta pas de la bonté du sultan, qui venait de lui épargner la peine qu'elle eût pu souffrir en parIant devant tant de monde ; elle voulut encore se mettre à couvert de l'indignation qu'elle avait à craindre de la proposition qu'elle devait lui faire, et à laquelle il ne s'attendait pas. «Sire, dit-elle en reprenant la parole, j'ose encore supplier votre Majesté, au cas qu'elle trouve la demande que j'ai à lui faire offensante ou injurieuse en la moindre chose, de m'assurer auparavant de son pardon, et ne m'en accorder la grâce. ? Quoi que ce puisse être, repartit le sultan, je vous le pardonne dès à présent et il ne vous arrivera pas le moindre mal. Parlez hardiment.» (à suivre...)