Résumé de la 60e partie Il y avait déjà plusieurs années qu'Aladdin se gouvernait, quand le magicien se souvint de lui, en Afrique où il était retourné. Le magicien africain se dit encore : «J'empêcherai qu'il n'en jouisse longtemps ou je périrai.» Il ne fut pas longtemps à délibérer sur le parti qu'il avait à prendre. Dès le lendemain matin, il monta un barbe qu'il avait dans son écurie et se mit en chemin. De ville en ville et de province en province, sans s'arrêter qu'autant qu'il en était besoin pour ne pas trop fatiguer son cheval, il arriva à la Chine, et bientôt dans la capitale du sultan dont Aladdin avait épousé la fille. Il mit pied à terre dans un khan ou hôtellerie publique où il prit une chambre à louage. Il y demeura le reste du jour et la nuit suivante pour se remettre de la fatigue de son voyage. Le lendemain, avant toute chose, le magicien africain voulut savoir ce que l'on disait d'Aladdin. En se promenant par la ville, il entra dans le lieu le plus fameux et le plus fréquenté par les personnes de grande distinction, où l'on s'assemblait pour boire d'une certaine boisson chaude qui lui était connue dès son premier voyage. Il n'y eut pas plus tôt pris place qu'on lui versa de cette boisson dans une tasse, et qu'on la lui présenta. En la prenant, comme il prêtait l'oreille à droite et à gauche, il entendit qu'on s'entretenait du palais d?Aladdin. Quand il eut achevé, il s'approcha d'un de ceux qui s'en entretenaient ; et, en prenant son temps, il lui demanda en particulier ce que c'était que ce palais dont on parlait si avantageusement. «D'où venez-vous ? lui dit celui à qui il s'était adressé. Il faut que vous soyez bien nouveau venu si vous n'avez pas vu, ou plutôt si vous n'avez pas encore entendu parler du palais du prince Aladdin.» On n'appelait plus autrement Aladdin depuis qu'il avait épousé la princesse Badroulboudour. «Je ne vous dis pas, continua cet homme, que c'est une des merveilles du monde, mais que c'est la merveille unique qu'il y ait au monde : jamais on n'y a rien vu de si grand, de si riche, de si magnifique ! Il faut que vous veniez de bien loin, puisque vous n'en avez pas encore entendu parler. En effet, on en doit parler par toute la terre, depuis qu'il est bâti. Voyez-le, et vous jugerez si je vous en aurai parlé contre la vérité. Pardonnez à mon ignorance, reprit le magicien africain ; je ne suis arrivé que d'hier, et je viens véritablement de si loin, je veux dire de l'extrémité de l'Afrique, que la renommée n'en était pas encore venue jusque-là quand je suis parti ; et comme, par rapport à l'affaire pressante qui m'amène, je n'ai eu d'autre vue dans mon voyage que d'arriver au plus tôt sans m'arrêter et sans faire aucune connaissance, je n'en savais que ce que vous venez de m'apprendre. Mais je ne manquerai pas de l'aller voir : l'impatience que j'en ai est même si grande que je suis prêt de satisfaire ma curiosité dès à présent, si vous voulez bien me faire la grâce de m'en enseigner le chemin.» (à suivre...)