Habitude A la tombée de la nuit, ils sortent de leurs caves pour s?adonner à leurs vices. A la faveur de l?obscurité, ils se donnent rendez-vous dans un coin isolé, loin des regards. Dans une ambiance rythmée, ces dés?uvrés se racontent leurs histoires, leurs aventures, s?attardant sur des blagues interminables. Ils font circuler des tasses de café, des bouteilles d?alcool et des doses de kif afin de rester éveillés jusqu?à l?aube. Certains, qui n?ont guère plus de 18 ans, ont quitté les bancs de l?école depuis de longues années pour emprunter le chemin du gain facile : la vente de la drogue. L?ennui, l?oisiveté et le chômage ont plongé ces jeunes dans une passion dévastatrice : «J?aimerais bien passer la nuit à la maison, mais, à mon âge, je ne peux continuer à dormir dans la même chambre que mes parents», dit Karim, 25 ans. J?ai quand même droit au sommeil le matin, lorsque mon père part travailler et que les enfants sont à l?école.» Cette folle passion attire même ceux issus de milieux aisés. Après une journée de travail, ils sortent de leur réserve pour partager des moments d?intimité, consommant de l?alcool et autres stupéfiants. Ainsi, «les veilleurs des baraques» ont tissé des liens d?amitié «Je n?habite pas ici, mais je préfère boire entre amis plutôt que dans un bar? Là on se défoule pour oublier les soucis de la vie. Et laisser les plus heureux dormir en sécurité», nous confie l?un d?eux très calme sous l?effet de l?alcool. Ces jeunes, en perte de repères, sont, de plus en plus, attirés par des plaisirs sordides. Pourquoi ne pas chercher du travail ? «Voulez -vous que je travaille dans un café ou un chantier pour quelques centimes. ? Vive les affaires», affirme A. M., 32 ans. De l?autre côté, se trouve une baraque «spéciale et secrète» ; les clients doivent payer pour y accéder et s?offrir les services de prostituées qui, durant la journée, ont une autre vie. La débauche et les différents fléaux sociaux qui règnent dans les bidonvilles sont aussi à l?origine d?actes d?agressions commis contre toute personne qui rentre tard le soir. Beaucoup d?agressions ont d?ailleurs été enregistrées contre les résidents des deux cités universitaires Hydra-Centre (garçons) et Hydra 2 (jeunes filles). D?ailleurs, les habitants des quartiers mitoyens ne cessent de crier à l?insécurité instaurée par les occupants des baraques.