Résumé de la 65e partie Dès que le sultan se leva, il se rendit au cabinet pour contempler le palais d'Aladdin. Il fut surpris de découvrir une place vide? Le sultan, qui ne pouvait disconvenir de ce que le grand vizir lui représentait, entra dans une colère d'autant plus grande qu'il ne pouvait désavouer son incrédulité. «Où est, dit-il, cet imposteur, ce scélérat, que je lui fasse couper la tête ? ? Sire, reprit le grand vizir, il y a quelques jours qu'il est venu prendre congé de Votre Majesté ; il faut lui envoyer demander où est son palais : il ne doit pas l'ignorer. ? Ce serait le traiter avec trop d'indulgence, repartit le sultan ; va donner ordre à trente de mes cavaliers de me l'amener chargé de chaînes.» Le grand vizir alla donner l'ordre du sultan aux cavaliers et il instruisit leur officier de quelle manière ils devaient s'y prendre afin qu'il ne leur échappât point. Ils partirent et ils rencontrèrent Aladdin à cinq ou six lieues de la ville, qui revenait en chassant. L'officier lui dit en l'abordant que le sultan, impatient de le revoir, les avait envoyés pour le lui témoigner, et revenir avec lui en l'accompagnant. Aladdin n'eut pas le moindre soupçon du véritable sujet qui avait amené ce détachement de la garde du sultan ; il continua de revenir en chassant ; mais, quand il fut à une demi-heure de la ville, ce détachement l'environna et I'officier, en prenant la parole, lui dit : «Prince Aladdin, c'est avec grand regret que nous vous déclarons l'ordre que nous avons du sultan de vous arrêter et de vous mener à lui en criminel d'Etat ; nous vous supplions de ne pas trouver mauvais que nous nous acquittions de notre devoir et de nous le pardonner.» Cette déclaration fut un sujet de grande surprise à Aladdin qui se sentait innocent ; il demanda à l'officier s'il savait de quel crime il était accusé. A quoi il répondit que ni lui ni ses gens n'en savaient rien. Comme Aladdin vit que ses gens étaient de beaucoup inférieurs au détachement, et même qu'ils s'éloignaient, il mit pied à terre. «Me voilà, dit-il ; exécutez l'ordre que vous avez. Je puis dire néanmoins que je ne me sens coupable d'aucun crime ni envers la personne du sultan ni envers l'Etat.» On lui passa aussitôt au cou une chaîne fort grosse et fort longue, dont on le lia aussi par le milieu du corps de manière qu'il n'avait pas les bras libres. Quand l'officier se fut mis à la tête de sa troupe, un cavalier prit le bout de la chaîne ; et, en marchant après l'officier, il mena Aladdin, qui fut obligé de le suivre à pied ; et dans cet état il fut conduit vers la ville. Quand les cavaliers furent entrés dans le faubourg, les premiers qui virent qu?on menait Aladdin en criminel d'Etat ne doutèrent pas que ce ne fût pour lui couper la tête. Comme il était aimé généralement, les uns prirent le sabre et d'autres armes, et ceux qui n'en avaient pas s'armèrent de pierres, et ils suivirent les cavaliers. Quelques-uns, qui étaient à la queue, firent volte-face, en faisant mine de vouloir les dissiper, mais bientôt ils grossirent en si grand nombre que les cavaliers prirent le parti de dissimuler, trop heureux s'ils pouvaient arriver jusqu'au palais du sultan sans qu'on leur enlevât, Aladdin. Pour y réussir selon que les rues étaient plus ou moins larges, ils eurent grand soin d'occuper toute la largeur du terrain, tantôt en s'étendant, tantôt en se resserrant ; de la sorte ils arrivèrent à la place du palais, où ils se mirent tous sur une ligne, en faisant face à la populace armée, jusqu'à ce que leur officier et le cavalier qui menait Aladdin fussent entrés dans le palais et que les portiers eussent fermé la porte pour empêcher qu'elle n'entrât. (à suivre...)