Résumé de la 1re partie Angelo Caponegro a un étrange pressentiment en se posant des questions sur le train 8017 qui, fait inexpliqué, n?est toujours pas arrivé à la gare de Bella-Muro qu?il aurait dû atteindre depuis longtemps. Pour tromper son anxiété, Angelo Caponegro se met à lire la seule chose qu'il ait sous la main : l'horaire des chemins de fer. Une lecture absurde qui ne fait que renforcer l'étrangeté de cette nuit. Ces heures de départ et d'arrivée ne correspondent plus à rien. Depuis longtemps, il n'y a plus d'horaire. C'est la guerre pour les trains aussi. Ils partent quand ils peuvent, et ils arrivent quand ils peuvent. Les chefs de gare sont prévenus à la dernière minute... Deux heures du matin. Cette fois, il se passe quelque chose de grave. A plusieurs reprises, Angelo a téléphoné à la gare de Bella-Muro et Luigi lui a répondu, à chaque fois, d'une voix angoissée : «Il n'est pas passé.» Alors Angelo Caponegro prend une décision. Il appelle le dépôt des machines, met ses coIlègues au courant des événements et demande que lui soit envoyée d'urgence une locomotive pour explorer la voie... Elle arrive à 2 h 40. A Bella-Muro, il n'y a toujours pas la moindre nouvelle du train 8017. En prenant place à côté du mécanicien, Angelo Caponegro ne prononce pas un mot. Il s'attend vaguement à quelque chose de terrible sans pouvoir deviner exactement quoi. La locomotive avance presque au pas... Il faut se méfier. Le 8017 a pu dérailler et emporter les voies. Mais, pendant les premiers kilomètres, il n'y a rien de suspect. Rien sur les bas-côtés. Les deux rails suivent leur trajet avec un parallélisme parfait. La locomotive arrive au premier tunnel. Angelo Caponegro hurIe : «Stop !» Le 8017 est là, arrêté. Il est engagé dans le tunnel, à l'exception de l'arrière du dernier wagon. Les deux hommes sautent à terre. Angelo se met à courir. Tout le convoi est illuminé. Il forme un long ruban dont la tête se perd dans le premier virage à l'intérieur du tunnel. Tout est silencieux. Aucune des deux locomotives n'est en marche... Sa lampe à la main, Angelo s'approche avec précaution. Il lui semble distinguer des formes sur la voie. Il élève sa lampe et il recule, saisi. Une femme le regarde, l'air hébété. A ses côtés il y a un enfant et, plus loin, deux hommes sont assis sur les rails, prostrés... Ce qui le frappe tout de suite, c'est que la femme a les cheveux gris. Or elle est jeune, elle ne doit pas avoir plus de vingt ans. Et l'enfant, un enfant de six ou sept ans, lui aussi, a les cheveux gris ! Un enfant aux cheveux gris : c'est un spectacle inoubliable, surnaturel. Angelo Caponegro s'entend demander : «Qu'est-ce qui vous est arrivé ?» Pour toute réponse, la jeune femme se met à éclater en sangIots, imitée aussitôt par l'enfant. Quelques mètres plus loin, les deux hommes lui font écho. Ils poussent des grognements indistincts, comme des cris de bêtes. Angelo découvre, en s'approchant, qu'eux aussi ont les cheveux gris. Il tente de les questionner, mais ils ne sont pas davantage en état de répondre. (à suivre...)