Identification n Farida, 22 ans, est étudiante en allemand. Son père est commerçant et sa mère femme au foyer. «Le jour où on m?a dit que j?allais étudier ici, là où je me suis inscrite, ce fut la déception totale ! Je n?en croyais pas mes yeux ! Je ne te cache pas que c?est l?une des raisons qui a fait que j?ai regretté mon choix. C?est un milieu qui n?est pas fait pour étudier, mais malgré tout je me suis efforcée de le faire. Il y a une minorité qui travaille, la majorité vient faire un défilé de mode ou c?est un endroit de rencontre pour les amoureux», confie-t-elle. Cette jeune fille qui a grandi dans une famille qui ne compte que des garçons, affirme que depuis son entrée à la fac et son internat, son comportement, sa façon de parler, sa vision de la vie ont changé... En famille désormais, elle surveille ses paroles, ses interventions? «Tu peux dire que ma vie a complètement changé par rapport à ce que j?étais avant de venir à l?université. J?étais normale, ils savaient à la maison que j?étais une feuille blanche, mes parents me traitaient le plus normalement du monde. Je parlais comme eux, je faisais comme eux, je n?avais pas la mentalité que j?ai maintenant. À présent, quand je parle avec mon père, il faut que je fasse très attention à ce que je dis, tu comprends, parce que j?ai appris des choses à l?université? Bon? Avant, quand je parlais avec mon père sur un sujet, j?essayais de donner mon point de vue, de lui montrer que j?étais capable d?analyser. Maintenant, je ne peux même pas rester avec lui, je sais qu?il n?a pas idée sur ce qui se passe». Une situation complexe qui a poussé Farida à s?éloigner de son père, à l?éviter, à se sentir coupable à la place des autres. «Il sait que c?est un milieu pourri, alors quand je suis avec lui tout en sachant que je n?ai rien fait, et que je ne fais rien du tout, je sens que mon père a une idée de ce qui se passe à l?université ou sa fille vit. Alors, je m?éloigne de lui, je l?évite tout simplement, même pour mes besoins d?argent, et le reste, je ne lui demande pas, si j?ai besoin de quoi que ce soit, j?appelle ma mère et je lui dis de dire à Abdelkader (mon père), que j?ai besoin d?argent. Tu peux dire que j?ai honte de moi bien que je n?aie rien fait du tout, mais le milieu où j?habite me laisse penser ça.» Comme des milliers de jeunes, elle affirme qu?il est important pour elle d?obtenir cette fameuse «feuille», le diplôme, qui est la concrétisation de ses efforts, même si elle doit chômer, car le diplômé sera respecté dans la société. «Je souhaite qu?il soit bien mon avenir? (Silence). Je ne veux pas rester à la maison, je veux travailler. Avoir cette feuille, comme quoi tu as étudié, et que tu as fourni des efforts et que tu as réussi quelque chose dans ta vie...», même si ce succès reste éphémère.