Combat n Elle fait partie de celles qui ont osé chasser sur un terrain interdit au sexe faible chez nous : le bâtiment et le chantier. Cette belle brunette de 46 ans est architecte, «un métier qui n?a d?avenir que dans un atelier ou sur un bâtiment, vu le nombre réduit de personnes qui construisent suivant un plan. Après la fin de mes études, j?ai ouvert un bureau d?études et d?architecture. Je n?avais pas de clients ici dans ma petite ville d?Ouled Fayet. Alors, comme mon mari est un commerçant aisé, j?ai proposé qu?il m?aide pour faire démarrer une petite entreprise de travaux publics vu que la ville d?Ouled Fayet connaissait un boom immobilier très important au début des années 1990. Mon époux n?a pas hésité un seul instant et ce fut le début de l?aventure.» Au début, Souad a trouvé de nombreuses difficultés pour intégrer le monde des «corporations» et de la mafia du béton comme elle l?appelle. «Je n?avais pas un matériel important comme eux, juste une petite Mazda dans laquelle je transportais mes employés, mes brouettes et mes outils. Les clients étaient rares. Je pense qu?ils croyaient que c?était moi qui allais mettre la combinaison et construire les murs ! Moi je ne suis qu?une conductrice de travaux, je gère seulement le chantier», souligne-t-elle. Ce n?est qu?après l?avènement des Chinois que les affaires de Souad ont prospéré. «Mes employés étaient tous des jeunes qui n?avaient pas trouvé de boulot et qui acceptaient, contraints, de travailler chez moi. Mais par la suite, j?ai réussi à gagner leur confiance. Ici, aujourd?hui, tout le monde me respecte et je suis connue dans toute la région», explique-t-elle. Des jeunes maçons rencontrés à Ouled Fayet disent que Souad est une très honnête employeuse. «Elle paye régulièrement ses employés et elle a un contact très facile avec nous, elle est très sympathique», souligne Nouredine, un jeune ouvrier à Ouled Fayet. Mariée depuis 20 ans, Souad est mère de 5 enfants. «Trois sont universitaires, dont un fils qui suit des études en architecture», dit-elle fièrement. D?après elle, son mari et ses enfants sont fiers d?elle. «C?est mon mari d?ailleurs qui a accepté de (s?aventurer) avec moi sans la moindre hésitation. Il m?a dit : ?? le fait que tu sois une femme va susciter la curiosité des gens et ils vont te solliciter.?? Erreur ! Au début, j?ai souffert le martyre pour qu?on m?accepte. Mais aujourd?hui, grâce à Dieu, je gagne très bien ma vie, mais j?ai aussi gagné sur un autre front très important pour la société : casser l?image classique de la femme algérienne, je crois que j?ai marqué un point...», dit, fièrement, Souad.