Résumé de la 2e partie n Considéré comme un «dingue», Pierrot s?avère un grand adepte de la sagesse. Réussira-t-il à convaincre le juge de le laisser rejoindre son fils ? Le juge est sceptique. «Vous le connaissez, cet enfant ? ? J'ai une photo. ? Et vous l'aimez ? ? Je ne dors pas pour lui, je ne mange pas, je rempaille des chaises la nuit et le jour. Je ferais tout pour lui, tout pour qu'il ne devienne pas comme moi. ? Et si vous sortez, vous continuerez ? ? Laissez-moi sortir, c'est ma seule chance. ? Attendez un peu. Vous serez libéré. ? Il sera trop tard, il faut qu'il m'appelle papa, il faut que je sois là pour le moucher, comme pour lui botter le derrière. Pour lui apprendre à vivre avec quelqu'un qui l'aime, qui lui appartient, à qui il peut tout demander... Je vous en prie, laissez-moi sortir...» L'avocat, le bâtonnier, le directeur de la prison, les copains de cellule étaient tous d'accord, en ch?ur : «Laissez-le sortir.» Comment faire ? Il fallait cumuler sur la peine précédente et considérer que le coffre-fort en faisait partie avec ses 25 francs. Il fallait encore se convaincre qu'une remise de peine était possible, que l'évasion n'était pas si grave? Il en fallait des astuces et des passe-droits, et des risques finalement. Mais le juge était un bon juge, il l'avait toujours été. Et considérant ce Pierrot, dingue dans le bon sens pour la première fois de sa vie, le juge s'est dit : «Essayons...» Et il a vu Pierrot sangloter de joie. Il a voulu sortir et c'est fait. Il lui reste à faire la connaissance de son fils. Un gros bébé qui s'enfuit devant ce père hirsute, au teint livide, qui veut le soulever dans ses bras. Mais Pierrot comprend. «Gardez-le encore un peu, dit-il à la nourrice, et parIez-lui de moi, il faut que j'aille gagner sa vie et la mienne. Ce ne sera pas long. J'ai tous les courages du monde. Mais parIez-lui de moi, n'oubliez pas de lui dire que je vais revenir et que je serai là tout le temps bientôt. Et s'il n'est pas sage, parlez-lui de moi aussi... Parlez-lui toujours de moi. Je reviens.» Ce fut long et il en a fallu du courage. Des petits et des grands. La première nuit, sans un sou ne sachant où dormir, Pierrot s'est réfugié à la prison, qui l'a renvoyé chez les clochards. Il a été chiffonnier, en attendant que quelqu'un ne recule pas devant son casier judiciaire pour lui offrir une paie. En attendant de trouver un métier, de savoir faire quelque chose de ses mains, il a ferraillé chez les compagnons d'Emmaus, récupéré les papiers pour l'Armée du salut, déchargé les camions, lavé les vitrines, balayé les trottoirs, gardé les entrepôts la nuit, vendu des cravates le jour, dormi dans les asiles. Les 120 francs de la pension étaient toujours payés. Jusqu'au jour où Pierrot le dingue a trouvé une place de livreur avec une fiche de paie et une chambre avec un loyer ; il a acheté un pantalon neuf. Ce jour-là, il a pris le train et il est allé chercher son fils pour le montrer au juge. A son juge. «Regardez-le bien, a-t-il dit. C'est Jean, c'est mon fils, il a trois ans, c'est la première et la dernière fois qu'il verra un juge de sa vie. Ça marchera, vous verrez.» Et aux dernières nouvelles, ça a marché.