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Cela s?est passe un jour : Aventures, drames et passions celebres
Droit de vivre et droit de mourir (5e partie)
Publié dans Info Soir le 20 - 11 - 2005

Résumé de la 4e partie n Le Dr Sanders reconnaît avoir provoqué la mort de Mme Borotto, pour mettre fin à ses souffrances. Il est inculpé de meurtre.
Euthanasie : mettre fin à la vie d?un malade incurable pour le soulager, c?est le délit qui est reproché au Dr Sanders. Le terme est aujourd?hui connu du grand public ; à l?époque, il l?était moins. C?est pourtant un vieux mot, puisqu?il date du XVIIe siècle ! Il apparaît, en effet, pour la première fois sous la plume de Francis Bacon, homme d?Etat et philosophe anglais très connu, dans un texte intitulé The Advencement of Learning, rédigé une première fois en 1605 et revu en 1623. «Je dirai de plus, en insistant sur ce sujet, écrit Bacon, que l?office du médecin n?est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d?adoucir les douleurs et les souffrances attachées aux maladies, et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur, considérée comme un symptôme périlleux, contribue et conduit à la convalescence, mais encore afin de procurer au malade, lorsqu?il n?y a plus d?espérance, une mort douce et paisible, car ce n?est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie?» Et Bacon ajoute, avec une pointe de regret : «Mais de notre temps, les médecins semblent se faire une loi d?abandonner les malades dès qu?ils sont à l?extrémité, au lieu qu?à mon sentiment, s?ils étaient jaloux de ne point manquer à leur devoir ni par conséquent à l?humanité, ils n?épargneraient aucun soin pour aider les agonisants à sortir de ce monde avec plus de douceur et de facilité.»
Le mot «euthanasie» qui vient du grec êu (bonheur) et thanatos (mort), autrement dit «mort douce», qui est entendu ici dans le sens d?une médecine palliative destinée à alléger les souffrances du malade en l?accompagnant dans les derniers moments de sa vie, en supprimant tout ce qui peut être oppressant pour le malade, en se contentant de remèdes qui atténuent la douleur, en rendant agréable sa chambre, etc. L?accompagnement est médical, mais aussi spirituel en le préparant à la mort. Il ne s?agit, en aucun cas, de donner la mort. Ce sens de «euthanasie» va subsister jusqu?à la fin du XIXe siècle. C?est alors qu?on observe un glissement de sens du mot, qui ne signifie plus seulement adoucir les derniers moments de la vie du malade incurable, mais aussi provoquer volontairement cette mort. C?est ce sens qui va dominer de nos jours où l?euthanasie, pratiquée par de nombreux médecins dans le monde, notamment en arrêtant, dans les cas désespérés, les moyens thérapeutiques, est interdite dans la plupart des pays.
En 1906, le Parlement de l?Ohio, aux Etats-Unis, a adopté, en première lecture, un texte de loi stipulant que «toute personne atteinte d?une maladie incurable, accompagnée de grandes douleurs, peut demander la réunion d?une commission composée d?au moins quatre personnes, qui statuera sur l?opportunité de mettre fin à cette vie douloureuse». Mais ce texte, il faut le dire révolutionnaire à l?époque, et même de nos jours, a été rejeté par la juridiction supérieure, ce qui fait que l?euthanasie est interdite. Elle est même assimilée au meurtre, ce qui expose ceux qui la pratiquent à de lourdes peines, voire à la peine de mort. Dans l?affaire Borotto, le Dr Sanders risque gros. (à suivre...)


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