Outre le retard considérable enregistré dans ces travaux, comme à La Casbah, par exemple, plusieurs immeubles, fortement ébranlés par le séisme du 21 mai 2003, n?ont pas été retapés convenablement. «Si dans l?ensemble, l?opération de confortement des bâtiments endommagés par le séisme de 21 mai 2003 a été positive et un travail considérable a été fait dans ce sens, il y a lieu de noter qu?il existe malheureusement plusieurs immeubles pour lesquels on devrait revoir toutes les phases de confortement. C?est une urgence.» Directe et sans détour, Mme Houria Bouhired, présidente du Conseil national de l?Ordre des architectes, est revenue, ce matin sur les ondes de la Chaîne III, sur la cruciale problématique de «l?acte de bâtir». «Des édifices ébranlés par le tremblement de terre sont dans un état de fragilité. Il y a des critiques formulées et une enquête sera normalement menée pour tout répertorier. Car pour sauver des vies, il ne faut pas lésiner sur les moyens», a-t-elle encore affirmé, en parlant de «travail bâclé». Elle dira aussi qu?«un retard considérable a été enregistré pour la seule Casbah». L?intervention de Mme Bouhired coïncide avec la tenue aujourd?hui à l?hôtel Mercure du séminaire «Contrôler pour mieux construire» organisé par le CTC Centre. «Le problème de l?acte de bâtir n?est pas un problème de normes, mais plutôt un problème de respect de normes et de mentalité», a-t-elle rappelé. L?intervenante, qui insistera autant sur les normes de matériaux de construction que sur les normes urbanistiques ou les normes architecturales, dira que «les lois existent mais sur le terrain on a droit à une toute autre réalité». En dépit de l?existence de laboratoires et d?organismes de contrôle technique, aujourd?hui en nombre suffisant, Mme Bouhired avouera que «la qualité des constructions et des ouvrages d?art laisse aujourd?hui à désirer». C?est pourquoi, selon elle, il est impératif de réhabiliter l?acte de bâtir en Algérie. Les ouvrages doivent répondre au triptyque «qualité, coûts et esthétisme». Ils doivent aussi répondre au triptyque de l?art du bâtiment : c?est-à-dire la relation qui existe entre le maître d?ouvrage, le maître d??uvre et l?entreprise du bâtiment. Concernant les moyens de contrôle, Mme Bouhired s?est dit scandalisée par le fait qu?au niveau des directions de l?urbanisme et des subdivisions, les contrôleurs n?ont même pas un véhicule pour se déplacer et effectuer leur mission. Une aberration qui s?ajoute à une liste déjà longue comme par exemple le fait de s?entêter à continuer à prendre un architecte ou un ingénieur, d?ailleurs rarement sollicités, comme un simple «technicien» ou «man?uvre» ou alors «ces retards de 6 à 7 mois dans l?attribution des permis de construire» qui, selon elle, sont une des raisons de la prolifération des constructions illicites. R. N.