Résumé de la 4e partie n A force d?insistance et de ruse, la vieille femme réussit à entrer dans la demeure de Printemps, où elle reste à prier jusqu?au soir. A la fin, Belle-Heureuse s'enhardit un peu et s'approcha timidement de la sainte et lui dit d'une voix douce et respectueuse : «Ma mère, repose tes genoux, ne fût-ce qu'une heure seulement !» La vieille répondit : «Celui qui ne fatigue pas son corps en ce monde ne peut aspirer au repos réservé aux purs et aux élus dans le futur !» Belle-Heureuse, édifiée à l'extrême, reprit : «De grâce ! ô notre mère, honore notre table de ta présence, et consens à partager avec nous le pain et le sel.» Elle répondit : «J'ai fait v?u de jeûner, ma fille. Je ne puis manquer à mon v?u. Ne te préoccupe donc plus de moi et va rejoindre ton époux. Vous autres qui êtes jeunes et beaux, mangez et buvez et soyez heureux...» A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Elle dit : «...Vous autres, qui êtes jeunes et beaux, mangez et buvez et soyez heureux !» Alors Belle-Heureuse alla trouver son maître et lui dit : «O mon maître, je t'en prie, va conjurer cette sainte d'élire domicile désormais dans notre demeure, car son visage macéré dans la piété illuminera notre maison !» Bel-Heureux répondit : «Sois tranquille. Je lui ai déjà fait préparer dans une chambre à elle une natte neuve et un matelas, ainsi qu'une aiguière et une cuvette. Et personne ne la dérangera.» Quant à la vieille, elle passa toute la nuit à prier et à lire à voix haute le Coran. Puis, au lever du jour, elle se lava et alla trouver Bel-Heureux et son amie et leur dit : «Je viens prendre congé de vous autres. Qu'Allah vous ait sous sa garde !» Mais Belle-Heureuse lui dit : «O notre mère, comment peux-tu nous quitter avec si peu de regret, alors que nous deux nous nous réjouissions déjà de voir notre maison pour toujours bénie par ta présence et que nous t'avions préparé la meilleure chambre pour que tu fasses tes dévotions sans être dérangée ?» La vieille répondit : «Qu'Allah vous conserve tous deux et fasse durer sur vous ses bienfaits et ses grâces ! Du moment que la charité musulmane tient dans votre c?ur une place de choix, je suis heureuse d'être abritée par votre hospitalité. Seulement je vous prierais d'avertir votre portier, qui a une figure si sèche et si peu avenante, de ne plus s'opposer à me laisser entrer ici à l'heure où je pourrais ! Je vais de ce pas visiter les lieux saints de Koufa, où je ferai des v?ux à Allah pour qu'il vous rétribue selon vos mérites ; puis je reviendrai me dulcifier à votre hospitalité !» Puis elle les quitta, alors que tous deux lui prenaient les mains et les portaient à leurs lèvres et à leur front. Ah ! pauvre Belle-Heureuse, si tu savais le motif pour lequel cette vieille de poix entrait ainsi dans ta maison et les noirs desseins qu'elle ruminait contre ton bonheur et ta tranquillité ! Mais quelle est la créature qui peut deviner le caché et dévoiler l'avenir ? La vieille maudite sortit donc et se dirigea vers le palais du gouverneur, et se présenta devant lui aussitôt. Alors il lui demanda : «Eh bien ! qu'as-tu fait, ô débrouilleuse des toiles d'araignée, ô subtile et sublime rouée ?» La vieille dit : «Quoi que je fasse, ô mon maître, je ne suis que ton élève et la protégée de tes regards. Voici. J'ai vu l'adolescente Belle-Heureuse l'esclave du fils de Printemps. Le ventre de la fécondité n'a jamais modelé pareille beauté !» Le gouverneur s'écria : «Ya Allah !» La vieille continua : «Elle est pétrie de délices. Elle est un ruissellement continu de douceurs et de charmes ingénus !» Le gouverneur s'écria : «O mon ?il ! ô battement de mon c?ur !» (à suivre...)