Résumé de la 14e partie n Déguisée en cavalier, Zoumourroud se voit proclamée roi dès son entrée dans une contrée qu?elle atteint, après une longue chevauchée dans le désert. Or, Zoumourroud, qui était une femme de tête et d'idées excellentes, ne se laissa pas décontenancer par cette nouvelle si extraordinaire, et elle dit au grand chambellan et aux autres dignitaires : «O vous tous, mes sujets désormais fidèles, ne croyez point tout de même que je sois quelque Turc de naissance obscure ou quelque fils de roturier. Au contraire ! Vous avez devant vous un Turc de haute lignée qui a fui son pays et sa maison après s'être brouillé avec ses parents, et qui a résolu de parcourir le monde en cherchant des aventures. Et comme justement le destin me fait rencontrer une occasion assez belle de voir du nouveau, je consens à être votre roi !» Aussitôt elle se mit à la tête du cortège et, au milieu des acclamations et des cris de joie de tout un peuple, elle fit dans la ville son entrée triomphale. Lorsqu'elle fut arrivée devant la grande porte du palais, les émirs et les chambellans mirent pied à terre et vinrent la soutenir sous les bras et l'aidèrent à descendre de cheval, et la transportèrent sur leurs bras dans la grande salle de réception et la firent s'asseoir, l'ayant revêtue des attributs royaux, sur le trône d'or des anciens rois. Et tous ensemble ils se prosternèrent et embrassèrent la terre entre ses mains en prononçant le serment de soumission. Alors, Zoumourroud commença son règne en faisant ouvrir les trésors royaux accumulés depuis les siècles ; et elle en fit tirer des sommes considérables qu'elle distribua aux soldats, aux pauvres et aux indigents. Aussi le peuple l'aima-t-il et fit-il des v?ux pour la durée de son règne. Et Zoumourroud n'oublia pas non plus de faire cadeau d'une grande quantité de robes d'honneur aux dignitaires du palais et d'accorder des faveurs aux émirs et aux chambellans ainsi qu'à leurs épouses et à toutes les femmes du harem. En outre, elle abolit les perceptions d'impôts, les octrois et les contributions, et fit élargir les prisonniers et redressa tous les torts. Et de la sorte, elle gagna l'affection des grands et des petits, qui tous la prenaient pour un homme et s'émerveillaient de sa continence et de sa chasteté en apprenant qu'elle n'entrait jamais dans le harem. En effet, elle n'avait voulu prendre à son service particulier de nuit que deux gentils petits eunuques qu'elle faisait coucher en travers de sa porte. Bien loin d'être heureuse, Zoumourroud ne faisait que penser à son bien-aimé Alischar qu'elle ne put retrouver malgré toutes les recherches qu'elle fit faire secrètement. Aussi elle ne cessait de pleurer toute seule et de prier et de jeûner pour attirer la bénédiction du Très-Haut sur Alischar et obtenir de le retrouver sain et sauf après l'absence. Et elle resta ainsi une année ; si bien que toutes les femmes du palais levaient les bras de désespoir et s'écriaient : «Quel malheur sur nous que le roi soit si dévot et si continent !» Au bout de l'année, Zoumourroud eut une idée et voulut tout de suite la mettre à exécution. Elle fit appeler les vizirs et les chambellans et leur ordonna de faire aplanir par les architectes et les ingénieurs un vaste meïdân long d'un parasange et large d'autant et de faire construire en son milieu un magnifique pavillon en dôme qui serait richement tapissé et où seraient placés un trône et autant de sièges qu'il y avait de dignitaires dans le palais. (à suivre...)