Portrait n Descendant de Sidi Allel Rachedi, ce jeune raqi a hérité cette activité de son grand-père. Pourtant, il ne souhaite qu?une chose arrêter. Il a 38 ans, marié et père de trois enfants. Il a été décorateur dans une institution de l?Etat durant une dizaine d?années et a dû démissionner. «Depuis 1995, j?ai commencé cette activité. Ce n?était pas un choix volontaire. C?est un héritage devenu une activité à plein temps depuis fin 1998», affirme le jeune cheikh. Résident à Larbaâ, à proximité du mausolée de Sidi Allel Rachedi, cheikh Omar n?est pas le seul à s?adonner à cette activité dans sa famille. Son oncle et son cousin activent au même endroit que lui. Ils sont voisins. Ils utilisent la méthode «El-Rahmaniya», héritée de leurs aïeux. Cheikh Omar souhaite une chose : «arrêter la roqya». «Je n?ai plus de vie. C?est très éprouvant. Je dois assumer mes responsabilités de chef de famille.» Mais il ne sait pas quand il arrêtera : «Tant que les gens frapperont à ma porte, je ne pourrai pas ne pas les recevoir.» «Je vis avec ma petite famille de cette activité. Les gens donnent ce qu?ils peuvent parfois 50 DA parfois 20 ou 10 DA. Cela a sa baraka. Pour ceux qui n?en ont pas, ils ne paient rien. Et parfois, les mieux lotis, lorsqu?un des leurs est guéri, me ramènent la ouâda, du couscous, de la viande, du poulet, du café et du sucre. Je n?aime pas trop ça, car la guérison c?est Dieu qui la décide, pas moi. Je ne suis qu?un intermédiaire au service de Dieu et de l?humanité», précise-t-il. Cheikh Omar habite une modeste maison et se contente de sa destinée. «C?est Dieu qui a décidé que mon gagne-pain soit ainsi.» Et d?enchaîner : «Je voudrais arrêter». Il a une bonne réputation et même des «raqis» lui recommandent des patients. Sa spécialité est de libérer les gens possédés par les djinns contre lesquels il est réputé être très efficace. Cela n?est pas sans conséquence, car il y a quelques années, raconte-t-il, « je suis tombé très malade durant trois jours. J?étais incapable de bouger. Des femmes tournaient autour de moi. C?étaient des djiniyate. Elles ont profité de l?absence de ma femme pour essayer de me donner une leçon. C?est grâce à mon épouse que j?ai pu me remettre. Elle a souvent observé comment je faisais avec les patientes et a reproduit les mêmes gestes. Ce qui m?a sauvé.» «Un jour ou l?autre, j?arrêterai, j?ignore quand, mais Incha Allah, j?arrêterai», a-t-il insisté. Il conclut : «J?ai un métier en or entre les mains, celui de sculpteur sur bois», en désignant une de ses ?uvres exposée chez lui. Pourtant, cheikh Omar guérit plusieurs maux : la migraine, l?épilepsie, la jaunisse, l?hémiplégie , la paralysie? Mais lorsque le mal relève de la médecine et de la psychiatrie, il n?hésite pas à envoyer les gens chez le spécialiste en médecine. Il refuse également d?user de la violence pour vaincre le djinn.