Cheikh Abou Abdesalem, imminent théologien, auprès de ce ministère, indique que les «raqis» ne sont pas placés sous la tutelle du ministère et que les imams n?ont pas le droit de s?adonner à cette pratique dans l?enceinte de la mosquée. InfoSoir : La roqya est-elle une pratique licite en Islam ? Cheikh Abou Abdesalem : La roqya, du point de vue religieux, existe, nul ne peut contester cela, puisque le prophète, que Le Salut et La Prière de Dieu soient sur lui, a exhorté ses compagnons à cette pratique. Lors d?une expédition, un bédouin souffrait d?une douleur et n?a pas trouvé de traitement à son mal. L?un des compagnons du prophète Mohamed lui a lu la Fatiha. L?homme a été soulagé de son mal. C?est Dieu qui l?a guéri et non pas le compagnon du prophète. Cet homme, qui était riche, donna, en guise de récompense, des moutons. C?est alors que la question s?est posée : «Cette récompense est-elle hallel ou harem (permise ou non permise par la religion musulmane) ?» Ils ont donc décidé de consulter le prophète à ce sujet. Le prophète a acquiescé. Il faut savoir que le Prophète se faisait la roqya. Chaque soir, avant de se coucher, il faisait ses ablutions comme pour la prière puis, en levant les mains au ciel, disait la Fatiha, El-Ikhlass et El-Maoudatayn (El-Nass et El-Falaq), ensuite il passait ses mains sur tout le corps. Chacun peut se faire la roqya el charîya ( légitime). Il n?y a pas mieux que l?être humain se fasse lui-même la roqya sans avoir recours à autrui. Car le Coran reste le même. Cela dépend de la relation de l?être avec Dieu, c?est elle qui détermine si la personne est pieuse ou pas. Lorsque l?être est pieux, honnête et obéissant, Dieu exauce ses v?ux et accorde la guérison à travers lui. Les raqis sont de plus en plus nombreux, en Algérie. Dans quel cadre pratiquent-ils cette activité ? Le ministère ignore l?existence de ces gens-là, ils ne sont ni reconnus ni désignés par le département et ils ne sont pas classés ou fichés auprès de nos services. Cette pratique ne relève nullement des missions des imams (prédicateurs). Pourtant, il existe des imams qui s?adonnent à cette pratique ? Cela se fait en dehors de la mission d?imam et hors des mosquées. L?ampleur du phénomène est due à des pratiques qui se font sans formation ou spécialisation ou encadrement. Ce qui mène à des atteintes à la moralité de la société. Les gens se fient à la parole de Dieu. Donc des personnes malintentionnées exploitent cette foi pour s?adonner à d?autres pratiques peu recommandables. La roqya n?a pas de spécialisation ou de professionnalisation. Ce n?est pas une profession. Lorsqu?il y a des pratiques illicites par des pseudoraqis, y a-t-il des plaintes qui vous parviennent ? Des plaintes nous parviennent verbalement et à titre d?information seulement. Il faut dire que lorsque l?ignorance, la pauvreté et les maladies gagnent une société, les impostures s?amplifient en même tant que ces fléaux. Il faut se méfier de ces gens qui prétendent être des raqis alors qu?ils sont des charlatans. Il ne suffit pas de se prétendre véritable raqi pour en être un. Il y a un abus de confiance, extorsion d?argent et des pratiques immorales en prétendant pratiquer la roqya. Tout ce que peut faire le ministère est de sensibiliser les fidèles sur ces dérives. Ce phénomène est maladif. Il faut que les gens dénoncent ces pratiques illicites qui portent atteinte à la morale et à l?image de l?Islam. Le djinn peut-il posséder un être humain ? Pas à ma connaissance. Je n?ai jamais assisté à ce genre de choses. Le djinn est cité dans le Coran. Le Coran ne parle pas de ce phénomène d?incarnation. Il ne parle que du toucher de l?être humain, extérieurement, par le djinn.