Résumé de la 2e partie n Abdelkader accomplit, en compagnie de son père, le pèlerinage à La Mecque. Les deux hommes visitent également, à Bagdad, le tombeau de sidi Abdelkader el-Djilani. Le retour des pèlerins est fêté avec magnificence : des dizaines de moutons et de b?ufs sont égorgés et des centaines de gens, de toutes les tribus de la région, sont conviés à un immense banquet. Mohieddine et Abdelkader reçoivent les hommages. Si le jeune homme répond poliment aux marques de déférence qui lui sont témoignées, il ne tire aucun orgueil de son nouveau statut de hadj ; en fait, il est pressé de retourner à ses livres et à ses études. Il va s?isoler de plus en plus pour lire et méditer. Tout l?argent que lui donnait son père, il le consacrait à l?achat de livres. Le Coran, comme pour tout pieux musulman, est sa lecture préférée, mais il s?adonne aussi à l?étude de la philosophie, lisant aussi bien les auteurs musulmans que les auteurs grecs comme Aristote ou Platon, depuis longtemps traduits en arabe. Il lit aussi les ouvrages de mathématiques, de géographie, d?histoire, de médecine? Il n?y a pas de connaissance qui ne le passionne et il aurait pu, si les événements n?avaient décidé de faire de lui un grand guerrier, devenir un érudit, voire un savant dans la veine des esprits encyclopédistes musulmans de l?âge classique. En grandissant, Abdelkader acquiert plus de vigueur et de force. C?est aussi un homme d?une grande beauté. Quelques années après le commencement de la guerre avec les Français, Léon Roches, dans son ouvrage Trente-deux ans à travers l?islam, en fait un saisissant portrait : «J?ai vu Abdelkader et je t?écris sous le charme inexprimable qu?a exercé sur moi ce champion de l?islamisme? Je crus rêver quand je vis fixés sur moi ses beaux yeux bleus bordés de longs cils noirs brillant de cette humidité qui donne en même temps au regard tant d?éclat et de douceur (?). Son teint blanc a une pâleur mate ; son front est large et élevé. Des sourcils noirs, fins et bien arqués surmontent les grands yeux bleus qui m?ont fasciné. Son nez est fin et légèrement aquilin, ses lèvres minces sans être pincées ; sa barbe noire et soyeuse encadre légèrement l?ovale de sa figure expressive. Un petit oucham (tatouage) entre les deux sourcils fait ressortir la pureté du front. Sa main maigre et petite est remarquablement blanche, des veines bleues la sillonnent ; ses doigts longs et effilés sont terminés par des ongles roses parfaitement taillés ; son pied sur lequel il appuie presque toujours une de ses mains ne leur cède ni en blancheur ni en distinction. Sa taille n?excède pas cinq pieds (environ 1,85 m) mais son système musculaire indique une grande vigueur. Quelques tours d?une petite corde en poil de chameau fixent autour de sa tête un haïk de laine fine et blanche ; une chemise en coton et par dessus une chemise en laine de même couleur ; le haïk qui, après avoir fait le tour de sa tête, enveloppe le corps, et un burnous blanc recouvert d?un burnous brun, voilà tout son costume. Il tient toujours un petit chapelet noir dans sa main droite. Il l?égrène avec rapidité et lorsqu?il écoute, sa bouche prononce encore les paroles consacrées à ce genre de prière? Un mélange d?énergie guerrière et d?ascétisme répand sur sa physionomie un charme indéfinissable.» (à suivre...)