Satisfaction n La décision gouvernementale de rendre obligatoire le chèque est accueillie favorablement par les professionnels du secteur. En effet, à partir de septembre 2006, toute somme égale ou supérieure à 50 000 DA devra être obligatoirement payée par chèque. Selon le secrétaire général de l?Abef, «cette initiative permet de rompre avec l?inconfort et l?insécurité dans la manipulation des liquidités». Autrement dit, l?argent circulant hors des banques serait réintégré au niveau de ces espaces financiers conformément à cette nouvelle disposition. Cependant, si cette décision traduit la volonté de lutter contre le blanchiment d?argent, on ne sait pas comment le gouvernement compte s?y prendre. Tout ce que l?on sait, c?est que cette procédure va donner au chèque son pouvoir dans les transactions courantes. En 2004, plus de 100 millions de transactions par chèque ont été enregistrées. Toutefois, le défi reste grand dans les banques dont plus du tiers du réseau passe son temps dans la gestion des billets plutôt que de s?occuper des comptes. Il faut dire que jusqu'ici, en Algérie, l'argent liquide prend trop de place et défie tout autre moyen de paiement. On peut retenir que le liquide (papier monnaie) est utilisé même dans les gros contrats d?achat, de livraison ou de dépôt. Il n?est donc pas étonnant de voir un comptable d?entreprise traînant avec lui des sacs pleins d?argent pour les déposer dans une banque. L?aberration vient du fait que le chèque ne représente pas grand-chose pour le chef d?entreprise, le commerçant ou même le citoyen. Pourquoi, alors, l?argent liquide remplace-t-il le chèque ? Les professionnels de la finance clouent au pilori l?Etat ; ils affirment qu?«une grande partie de la masse monétaire circule en dehors du système bancaire et alimente un marché truffé d?opérations douteuses». Toutefois, la passivité du citoyen est à mettre sur le compte de ces incohérences. Si «le cash est respecté par tous», selon la formule d?un commerçant, cela traduit toute la méfiance qu?ont les citoyens envers le chèque. Les usagers de la banque sont parfois dissuadés parce qu?ils attendent plus d?une année pour obtenir leur carnet de chèque. «Les clients préfèrent recourir au liquide pour leurs affaires, car ils ne veulent pas attendre deux mois pour encaisser un chèque», nous confie un cadre de la Badr. Mais ce qui inquiète le plus, ce sont les chèques impayés ou sans provision. «Certains clients déposent des chèques avec de fausses adresses, si bien qu?on a du mal à les retrouver», constate le chef des opérations de caisse dans une agence. Personne ne peut fournir d?ailleurs les taux d?impayés ou de l?argent qui reste à recouvrer à cause de chèques sans provision. Les tribunaux ont du mal à se retrouver vu le nombre de dossiers «ingérables». Pourtant, la loi est claire là-dessus : la citation à comparaître est directe pour les contrevenants, qui sont systématiquement condamnés à la prison ferme.