"Phénomène" Considéré il y a encore une vingtaine d?années dans notre société, comme une fatalité, un mauvais coup du sort, le divorce tend, de nos jours, à être banalisé, à devenir même une éventualité souvent prise en compte avant même le mariage par les hommes et surtout par les femmes. Que de fois n?avons-nous entendu des jeunes filles déclarer : «Je travaille pour avoir mon diplôme, car plus tard, si mon mari me fait des misères, je pourrai m?en séparer et pourvoir à mes besoins, on ne sait jamais !» Cette idée d?instabilité de l?homme, de possible trahison, occultée au début, résulte-t-elle du changement progressif dans nos m?urs ou des exemples multiples de tromperies, d?adultères et d?abus dont ces jeunes filles sont les témoins dans la vie de tous les jours ? Ce qui est sûr, c?est que le divorce, avec ses conséquences toujours dramatiques, surtout pour les enfants qui en sont les premières victimes, est un phénomène qui prend de l?ampleur. Si l?environnement social joue un rôle important dans la détérioration du lien conjugal (mal vie, pauvreté, conflits, alcool, drogue), ce sont aussi le désir de changement et la quête de nouvelles expériences qui sont rendus possibles par la facilité avec laquelle l?homme peut répudier son épouse. De cette facilité, il use si bien que les magistrats parlent aujourd?hui de «divorces abusifs». Chaque semaine, la salle d?audience qui statue sur les divorces est comble. Des jeunes femmes, dont certaines sont à peine sorties de l?adolescence, chaperonnées par leur mère, se présentent devant le juge. Certaines n?ont pas trois mois de mariage. Les raisons sont diverses : «Il n?a pas de volonté, c?est sa mère qui commande», «Il s?est mis à me battre dès le début, il se drogue», «Je suis l?esclave de sa famille, je veux mon logement»... Le problème du logement est souvent évoqué, car la promiscuité avec la belle-famille finit toujours par provoquer des conflits et l?homme doit choisir entre sa mère et sa femme. La plupart de ces divorces sont prononcés à la suite d?un consentement mutuel. «Lors des fiançailles et au début du mariage, déclare un magistrat, tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil. Mais la nature des gens reprend le dessus et les défauts ainsi que les conflits apparaissent petit à petit.»