Résumé de la 117e partie n Le roi Aphridonios avait laissé Scharkân pour mort. Ce dernier, pourtant, reprend vie après l'intervention des médecins. Daoul'makân dit : «Le voici à ton chevet.» Alors Scharkân prit les mains de l'ascète et les baisa ; et l'ascète fit des vœux pour son rétablissement et lui dit : «Mon fils, souffre ton mal avec patience, et tu seras récompensé par le Rémunérateur !» Sur ces entrefaites, Daoul'makân, qui était sorti un moment, rentra sous la tente et embrassa son frère Scharkân et les mains de l'ascète, et dit : «O mon frère, qu'Allah te protège ! Voici que je cours te venger en immolant ce traître maudit, ce chien fils de chien, Aphridonios le roi des Roum !» Alors Scharkân essaya de le retenir, mais en vain ; et le vizir Dandân et les deux émirs et le chambellan s'offrirent à aller eux-mêmes tuer le maudit ; mais Daoul'makân avait déjà sauté à cheval en criant : «Par le puits de Zamzam ! C'est moi seul qui punirai ce chien !» Et il poussa son cheval au milieu du meïdân ; et, à le voir, on l'eût pris pour Antar lui-même au milieu de la mêlée, sur son cheval noir, plus rapide que le vent et les éclairs. Or, de son côté, le maudit Aphridonios avait lancé son cheval dans le meïdân. Et les deux champions se rencontrèrent et ce fut à qui porterait à son adversaire le coup final, car la lutte, cette fois, ne pouvait se terminer que par la mort. Et la mort, en effet, frappa le traître maudit ; car Daoul'makân, les forces multipliées par le désir de vengeance, après plusieurs passes infructueuses, réussit à atteindre son ennemi au cou et, en une seule fois, il traversa la visière, la peau du cou et l'échine, et fit voler sa tête au-delà de son corps. A ce signal, les musulmans se précipitèrent comme le tonnerre sur les rangs des chrétiens et en firent un massacre sans égal ; et ils en tuèrent de la sorte cinquante mille jusqu'à la tombée de la nuit ; alors, à la faveur des ténèbres, les mécréants purent rentrer dans Constantinia et ils refermèrent les portes sur eux pour empêcher les musulmans victorieux de pénétrer dans la ville. Et c'est ainsi qu'Allah accorda la victoire aux guerriers de la foi. Alors les musulmans rentrèrent sous leurs tentes, chargés des dépouilles des Roum ; et les chefs s'avancèrent et félicitèrent le roi Daoul'makân qui remercia le Très-Haut pour la victoire. Puis le roi entra chez son frère Scharkân et lui annonça la bonne nouvelle ; et Scharkân aussitôt se sentit le cœur dilaté et le corps en voie de guérison et il dit à son frère : «Sache, ô mon frère, que la victoire n'est due qu'aux prières de ce saint ascète qui n'a cessé, durant la bataille, d'invoquer le Ciel et d'appeler ses bénédictions sur les guerriers croyants !» Or, la maudite vieille, en entendant la nouvelle de la mort du roi Aphridonios et de la défaite de son armée, changea de couleur ; et son teint jaune devint vert et les pleurs l'étouffèrent ; mais elle parvint à se dominer et fit entendre que ses pleurs étaient dus à la joie qu'elle éprouvait de la victoire des musulmans. Mais en elle-même elle complota la pire des machinations pour brûler de douleur le cœur de DaouI'makân. Et, ce jour-là comme d'habitude, elle appliqua les pommades et les onguents sur les blessures de Scharkân, et le pansa avec le plus grand soin, et ordonna à tout le monde de sortir pour le laisser dormir tranquillement. Alors tous sortirent de la tente et laissèrent Scharkân seul avec l'ascète de malheur. Lorsque Scharkân fut complètement plongé dans le sommeil... (à suivre...)