Argument n Les responsables du ministère de l?Agriculture expliquent cette hausse vertigineuse des prix des fruits et légumes par l?anarchie qui prévaut sur les marchés de gros. Une tournée dans certains marchés d?Alger nous renseigne sur l?extraordinaire flambée des prix. La tomate qui ne coûtait, il y a deux semaines, que 50 DA et qui n?avait jamais dépassé ce prix depuis environ dix ans, est cédée actuellement entre 90 et 120 DA le kilo. Longtemps considérée comme le légume du pauvre, la pomme de terre a pris de la valeur et vaut 50 DA le kilo. «On dirait qu?on est dans une pharmacie, pas dans un marché de fruits et légumes. Les prix des produits de première nécessité nous agressent à l?entrée et à la sortie du marché. Auparavant, on craignait de tomber malade vu la cherté des médicaments, mais aujourd?hui, on a peur de mourir de faim», lâche tout de go Dalila, une quinquagénaire rencontrée au marché Meissonnier. L?oignon et la carotte sont, pour leur part, devenus des produits de luxe. Ils sont, en effet, vendus à pas moins de 80 DA le kilo. Interrogés sur cette surprenante envolée des prix, les détaillants désignent les grossistes et les détenteurs de chambres froides qui ont intelligemment planifié cette situation. «Ils savaient qu?en cette période survient un manque de production ; ils ont stocké des quantités importantes de produits pour les mettre sur le marché ces derniers jours. Les clients nous accusent de vouloir les punir, mais, Allah ghaleb, le détaillant doit aussi gagner sa vie», explique ce commerçant au marché d?El-Biar. Les propriétaires de chambres froides affirment, quant à eux, qu?ils ne sont pas là pour réguler les prix, mais pour faire des profits. Pourtant, ils ont eu accès à ces commodités grâce à l?aide de l?Etat ! Le déséquilibre entre l?offre et la demande est donc essentiellement à l?origine de cette montée des prix. Toutefois, des responsables au ministère de l?Agriculture affirment que cette situation est conjoncturelle, car elle intervient entre deux périodes de récolte. «Cette période s?est toujours caractérisée par une baisse de l?offre ; le marché des fruits et légumes ne va pas tarder à retrouver son équilibre habituel», a affirmé récemment Saïd Barkat. Les ménages sont de nouveau appelés à prendre leur mal en patience et à subir pour quelques semaines encore cette tendance, avant que les choses se stabilisent. Côté fruits, c?est encore l?envolée. Au marché Bouzrina à La Casbah, les bananes sont cédés à 150 DA, les oranges à 75 DA et les dattes à 200 DA le kilo. Nos interlocuteurs s?accordent à dire que les autorités compétentes doivent intervenir pour mettre fin au phénomène de la spéculation et réguler l?activité commerciale concernant ces produits de large consommation.