Suspicions Ceci n?est un secret pour personne :des marchandises à l?origine douteuse se vendent dans nos marchés aux puces. La suspicion plane sur l?origine de ces articles. Rien qu?à voir les prix auxquels ils sont cédés, on ne peut s?empêcher de se poser des questions. Les d?lala, Laâqiba, Ribouta et autres marchés de ce genre, sont-ils des lieux pour des activités illégales ? Au c?ur de la capitale, existe t-il des endroits où le voleur peut écouler ce qu?il a subtilisé en plein jour et sans être autrement gêné ? Les victimes de vols en tout cas confirment cet état de fait. «Il y a deux mois, on m?a volé un pneu durant la nuit.» Tôt le matin en découvrant le drame, Djamel, habitant le quartier de Notre Dame d?Afrique, s?est tout de suite dirigé vers la d?lala de Bab El-Oued. «J?ai surpris un jeune de notre quartier essayant de le revendre.» Le voleur l?a supplié de lui pardonner, de ne pas alerter la police. Comme Djamel, nombreux sont ceux qui sillonnent tous les jours les marchés aux puces de la capitale pour retrouver un objet volé la veille. Ceci ne fait que confirmer le phénomène. Les acheteurs, pour leur part, ne se font pas trop de scrupules sur les produits dont ils ont besoin. Certains, pour apaiser leur conscience ,font semblant de ne pas savoir de quoi il retourne. «Je ne pense pas qu?on vende des articles volés ici, sinon que fait la police ?» D?autres, comme Fayçal, n?hésitent pas à prendre la défense des vendeurs. «On voit le mal partout. Ce sont des commerçants qui n?ont pas de registre du commerce. » Selon lui, ils sont très peu nombreux les gens qui viennent de temps à autre écouler ce qu?ils ont subtilisé la veille. «Ils sont connus, tout le monde sait que ce sont des voleurs. » Cependant nul ne peut les empêcher de fréquenter ces lieux. Hamid, 40 ans, chauffeur de taxi, habitant le quartier de Belcourt, garde de mauvais souvenirs des marchés aux puces. Cherchant une auto-radio, il tombe sur ce qu?il croit être l?affaire du siècle. Une semaine après, la police vient frapper à sa porte. Il passera trois mois à la prison d?El-Harrach. Depuis, il achète tout ce qui lui faut dans les magasins. «Quitte à payer dix fois plus cher, rien ne vaut rahet el bel». Places commerciales ou rendez-vous pour voleurs, nos marchés aux puces suscitent toujours la même interrogation.