Si un pays vient à manquer d'électricité, en cas de canicule, d'arrêt de centrales ou d'un problème technique, les autres pays aident à compenser les pertes de courant selon leurs moyens. Cela est possible grâce à un projet en cours de réalisation visant à créer une boucle électrique reliant les pays de la Méditerranée, prévue pour 2010. «L'interconnexion entre les pays de la rive sud de la Méditerranée (du Maroc à l'Egypte) et ceux de la rive Nord (de l'Espagne à la Turquie) qui sont pour la plupart déjà reliés, vise à garantir à un plus grand nombre de pays le soutien des réseaux voisins en cas de faillite de leur système électrique», explique Georges de Montravel, directeur des relations internationales de RTE, le gestionnaire français du réseau électrique. Le renforcement des réseaux sur les rives africaine et asiatique de la Méditerranée par des «autoroutes» de lignes à haute tension va, cependant, devenir indispensable à moyen terme pour faire face à l'accroissement rapide, de l'ordre de 8% par an, de la demande d'électricité dans les pays du Maghreb. La clôture de la boucle devrait contribuer à l'alimentation de près de 400 millions d'habitants sur trois continents. Dans ce vaste chantier qui demande aux pays du Sud d'adapter leurs réseaux à ceux du nord, le Maroc est à la pointe grâce à son vaste programme d'électrification rurale, dont le taux est passé en dix ans de 16 à 90%. Néanmoins, dans la zone Maghreb, les travaux sont lents et la différence de taille des réseaux est flagrante : alors que les pays de la rive Sud possèdent 45 000 mégawatts (MW) de production, ceux de la rive Nord disposent de 500 000 MW. L'interconnexion entre la Tunisie et la Libye devrait être achevée en 2010. Les lignes électriques entre l'Algérie et l'Espagne devraient également être installées en 2010, et celles entre la Tunisie et l'Italie deux ans plus tard. Selon RTE, membre de l'Union pour la coordination du transport d'électricité en Europe (Ucte), l'achèvement de la boucle euroméditerranéenne pour 2010 est donc loin d'être acquis. «Il y a des problèmes techniques liés à la nature des différents réseaux qui rend la faisabilité du projet problématique», estime M. de Montravel.