Résumé de la 68e partie n Confiné dans ses principes de liberté, Daoul?makân se remet à chanter malgré les menaces rapportées par le chauffeur. L?eunuque, cette fois, est là et le prie de le suivre jusque chez sa maîtresse. Alors Daoul'makân répondit : «Et sur toi la paix et la miséricorde d'Allah et ses bénédictions !» Et l'esclave dit : «O mon maître, voici que pour la troisième fois, ma maîtresse m'envoie à ta recherche, car elle désire te voir.» Mais Daoul'makân répondit : «Ta maîtresse ! Et quelle est cette chienne qui a l'audace de m'envoyer chercher ? Puisse Allah la confondre et la maudire, elle, et son époux avec elle !» Et, non content de cette sortie, Daoul'makân se mit à injurier l'eunuque sans discontinuer pendant un bon moment. Et l'eunuque ne voulut rien répondre, car sa maîtresse lui avait bien recommandé de ne prendre le chanteur que par la douceur et de ne l'amener chez elle que de son propre vouloir. Aussi l'eunuque fit tout son possible pour lui dire des paroles onctueuses et adoucir son emportement ; il lui dit, entre autres choses : «Mon enfant, cette démarche que je fais auprès de toi n'est point pour t'offenser ou pour te faire de la peine, mais simplement pour te supplier de vouloir bien diriger tes pas généreux de notre côté, pour parler à ma maîtresse qui désire ardemment te voir. Et, d'ailleurs, elle saura bien reconnaître ta bonté pour elle !» Alors Daoul'makân fut touché et consentit à se lever et à accompagner l'eunuque sous la tente, tandis que le pauvre chauffeur, de plus en plus tremblant de peur pour Daoul'makân, se décidait à le suivre de loin, en pensant en lui-même : «Quel malheur pour sa jeunesse ! Sûrement demain, au lever du soleil, il sera pendu !» Puis il eut une pensée terrible qui le rendit encore plus épouvanté que jamais, car il se dit : «Qui sait même si Daoul'makân, pour se disculper, ne va pas maintenant rejeter la faute sur moi et prétendre que c'est moi qui ai chanté les vers ! Oh ! cela serait bien vilain de sa part !» Or, pour ce qui est de Daoul'makân et de l'eunuque, ils se mirent à circuler avec difficulté entre les gens endormis et les bêtes et finirent par arriver à l'entrée de la tente de Nôzhatou. Alors l'eunuque pria Daoul'makân d'attendre et entra tout seul prévenir sa maîtresse en lui disant : «Voici que je t'amène l'homme en question. Et c'est un tout jeune homme de très belle figure et dont le maintien prouve une haute et noble origine.» A ces paroles, Nôzhatou sentit se précipiter les battements de son c?ur et dit à l'eunuque : «Fais-le s'asseoir tout près de la tente et prie-le de nous chanter encore un peu de ses vers, pour que je les entende de près. Et ensuite tu t'informeras de son nom et de son pays.» Alors l'eunuque sortit et dit à Daoul'makân : «Ma maîtresse te prie de lui chanter quelques-uns de tes vers, et elle est à t'écouter, dans la tente. Et elle désire également savoir ton nom et ton pays et ton état.» (à suivre...)