Initiative n Ils sont huit et chacun porte un regard neuf sur l?art. Meriem Aït El-Hara, Ammar Bouras, Adlan Djeffal, Nouredine Ferroukhi, Jaoudat Gassouma, Karim Sergoua, Khiera Slimani, Zoubir Hellal sont les huit artistes composant le groupe Essabaghine. Tous s?emploient à refaire la création par leur goût étrange et extravagant, par leur choix insolite et excentrique des formes. Ils travaillent à composer, en se basant sur des supports tels que le tissu, l?argile, le bois?, un nouveau langage qui parle d?eux et met en évidence leur travail. C'est un langage parlant de sensation, de plaisir, de désir. Nouredine Ferroukhi inscrit son travail dans l?érotisme le plus apparent. Il traduit ses fantasmes nocturnes et ses songes libidinaux les plus ostensibles. Zoubir Hellal travaille sur la terre. Il pétrit la glaise, la travaille puis la retravaille pour ensuite lui donner forme et lui insuffler une âme. Il confectionne des assiettes sur lesquelles figurent des signes, des symboles. Il inscrit un alphabet tiré du terroir ou un langage cosmologique. Khiera Slimani, quant à elle, joue avec les tissus peints, agressés par le pinceau «qui devient l?espace d?un geste un grattoir blessant aux cicatrices plastiquement acceptables?». Elle joue aussi avec des couvertures en laine aux couleurs bigarrées. Elle improvise, en un tour de main, des formes et leur donne un sens : «Rages vaincues, Désirs conscients qui se refusent d?être refoulés?» En ce qui concerne Karim Sergoua, il fabrique des paravents en bois illustrés de caractères, d?inscriptions, de motifs, de visages et de corps humains. Quant à Djaoudat Guessouma, il inscrit son travail dans le pop art. Ainsi, le groupe Essabaghine cherche une certaine forme de poésie pour déranger «la pensée angoissée dans ses clichés». Il cherche à interpeller le regard, à choquer les esprits, donner, en somme, une nouvelle vision et interprétation de l?art : un art fondé sur l?intuition et la subjectivité. Essabaghine traduit, en effet, le refus de l?académisme et ne respecte pas les conventions du réalisme optique. Car la vraie réalité ne se révèle pas par les images que chacun inscrit sur la rétine. Elle est puisée dans le refoulé ou extraite du rêve. Et donc le métapsychisme constitue un riche réservoir de l?authenticité et de la vérité. Enfin, ce groupe crée, innove parce que le monde a changé et la manière de le voir et de le sentir a bien changé, également.