Résumé de la 7e partie n Sidi Ali reçoit la source de Tiouelfin, Sidi Bouzid, lui, s'installe au pied du Djebel Ammour où, plus tard, un ksar sera fondé et portera son nom. Sidi Ali, lui, est resté à Tiouelfin et sa notoriété ayant grandi, des talebs sont venus planter leur tente à proximité de la sienne : on pouvait l'entendre ainsi prêcher et dispenser, comme le voulait Sidi Bouzid, son savoir aux masses. Mais les masses, ce n'étaient pas seulement autour de la source qu'elles se trouvaient, elles étaient partout, dans la plaine, dans la montagne et dans le désert : Sidi Ali finit par sentir le devoir d'aller apporter la bonne parole aux autres, mais on aura compris aussi qu'il est repris par l'amour du voyage, pour ne pas dire de l'errance, la siyaha, si chère aux saints. C'est pourquoi, un beau matin, il scelle sa jument, la charge de vivres et d'eau et prend la direction du Sud-Est. Il marche toute la journée pour s'arrêter la nuit. Il entrave la jument et se couche non loin d'elle. A l'aube, quand il se réveille, il remarque que l'animal a disparu. Il pense aussitôt à des voleurs qui pullulent dans la région, mais il se dit aussi que la bête a pu défaire ses liens et s'échapper. Cette hypothèse se confirme quand, en se baissant pour relever les empreintes de la jument, il remarque qu'il n'y a que les siennes : aucun homme ne la dirige ! Et la jument a pris la direction nord-ouest, autrement dit celle de Tiouelfin... «Elle y retourne, se dit le saint, elle veut sans doute retrouver ses compagnons, je la retrouverai parmi eux !» Il suit donc les traces qui le conduisent, en effet, en direction de Tiouelfin. Il va marcher longtemps, et c'est seulement en fin de journée, au moment de la prière du Maghreb, qu'il arrive à proximité de la source. Il jette un coup d'œil dans le puits et, le cœur serré, il aperçoit la bête au fond. Elle a dû glisser, en s'approchant du bord pour brouter l'herbe qui y pousse. La bête ne donnant aucun signe de vie, Sidi Ali conclut qu'elle n'a pas survécu à la chute. Le campement n'étant pas loin de là, il va chercher des talebs pour retirer la jument dont la dépouille, si elle venait à rester trop longtemps dans le puits, pourrait en polluer l'eau. Quelques instants après, plusieurs hommes, munis de cordes, s'affairent à retirer la malheureuse jument. Tandis que quelques-uns descendent dans le puits, les autres restent en dehors, prêts à tirer. On passe les cordes autour du corps de la jument et on donne l'ordre de tirer. La bête est soulevée, mais voilà que de l'empreinte laissée par chaque patte, une source jaillit. Le miracle se répand et la notoriété de Sidi Ali, à qui appartenait la jument, devient encore plus grande. Tiouelfin reçoit le nom de Charef, c'est-à-dire «noble» et va attirer de nombreuses personnes. C'est d'abord un camp de tentes, puis on y construit des maisons et c'est ainsi qu'un ksar, qui va prendre le nom de Charef, naît. Le ksar devient un centre d'enseignement et de prédication, animé par Sidi Ali et, à sa mort, par ses descendants.