Résumé de la 54e partie n Le vampirisme peut s'expliquer par des causes rationnelles. Une autre cause rationnelle qui a alimenté la croyance aux vampires est la conservation anormale de cadavres, Tout au long des siècles on a rapporté le cas de morts que l'on découvre en bon état de conservation, plusieurs années après le décès, sans que l'on est procédé à leur momification. On sait aujourd'hui que certains sols conservent mieux les corps : c'est le cas des terres riches en arsenic où lesquelles les cadavres mettent beaucoup plus de temps à se décomposer, voire à rester longtemps intacts. Signalons que dans les pays chrétiens la non-putréfaction est accueillie différemment : alors que chez les catholiques, c'est un signe de sainteté, elle est vue, dans les pays de rite orthodoxe (les pays traditionnels des vampires !) comme une manifestation du diable ! Mais la cause qui explique le mieux le vampirisme ou tendance à rechercher le sang, est d'ordre pathologique. Un chercheur américain, le docteur David Dolpin a rapproché en 1985, certaines caractéristiques du vampirisme des symptômes d'une maladie du sang appelée porphyrine. Dans cette maladie, une enzyme déficiente libère une molécule de l'hémoglobine, l'hème, privant le corps de moyen de défenses, notamment contre la lumière. Dès que le malade s'expose au soleil, il voit son corps se couvrir de boutons, de cloques ou d'ampoules, ce qui l'oblige à vivre dans l'obscurité, d'où une carence en vitamine C, donc une pâleur permanente. De plus, dans la porphyrie, ses dents se déforment et les canines deviennent proéminentes comme chez les vampires de la légende, le corps se couvre de poils (c'est l'hypertrichose des vampires). On sait que l'absorption d'ail, à cause du didulfide diakylique qu'il contient et qui détruit les globules rouges, peut aggraver la porphyrie, d'où l'horreur des vampires classiques devant ce produit ! On traite aujourd'hui les malades, en leur injectant des pigments rouges sanguins. Les psychanalystes, eux, évoquent, pour expliquer le vampirisme, un syndrome dit De Renfield, par référence à un personnage du roman de Bram Stocker, Dracula, et qui s'exprime par un besoin de boire du sang. Richard Noll, dans un ouvrage publié en 1992 explique que ce syndrome est généralement provoqué dans l'enfance, à la suite d'un saignement, par exemple : le malade lèche son sang et cherche plus tard à renouveler cette expérience. A la puberté, cette sensation est associée à l'excitation sexuelle. Le sujet peut aussi se retourner contre les animaux dont il boit le sang. Le dernier stade du syndrome et le plus avancé est le vampirisme clinique où le malade tue ses semblables pour boire leur sang. Les tueurs que nous avons évoqués dans cette série sont pour la plupart passés par ces stades. Quand ils sont neutralisés dans des cellules et qu'ils ne peuvent pas se procurer du sang, ils se mutilent et sucent le leur. C'est un retour au premier stade, celui des expériences de l'enfance. L'apparition du syndrome est favorisée par des traumatismes de l'enfance (violences parentales, agressions sexuelles) ou un climat de terreur religieuse ou mystique comme dans le cas de John Haig, qui a vécu entouré de crucifix et sous la menace permanente d'un châtiment divin. Le vampirisme expliqué tue-t-il le vampirisme ? Non, puisque le cinéma et la littérature continuent toujours à colporter le mythe du mort-vivant, provoquant chez des millions de gens les délicieux frissons de la peur...