Résumé de la 138e partie n Au deuxième rendez-vous, Aziz attend toute la journée sans aucun signe de la fille. Contrarié et peiné, il manifeste sa douleur avec violence ; sa cousine est blessée, mais bien vite, elle lui pardonne. Mais lorsque fut la cent quinzième nuit, elle dit : … Et comme si de rien n'était elle revint près de moi avec un sourire tranquille et me dit avec la plus grande douceur dans la voix : «O fils de mon oncle, je suis à la limite de la désolation de t'avoir peiné par des paroles inopportunes. Pardonne-moi, de grâce et raconte-moi ce qui s'est passé que je vois si je n'y pus porter remède !» Alors je lui racontai le contretemps que j'avais subi et le manque total de nouvelles de l'inconnue. Et Aziza me dit : «O Aziz de mes yeux, je puis, sans hésiter, t'annoncer que tu arriveras à tes fins, car ce n'est là qu'une épreuve que l'adolescente fait subir à ta patience pour voir la force de ton amour et ta constance à son égard. Aussi, dès demain, hâte-toi d'aller t'asseoir sur le banc, sous sa fenêtre, et sûrement tu trouveras une solution au gré de tes désirs !» Puis ma cousine m'apporta un plateau chargé de porcelaines remplies de mets, mais je repoussai le tout avec brusquerie et toutes les porcelaines sautèrent en l'air et roulèrent de tous côtés sur les tapis. Et je signifiai de la sorte que je ne voulais ni manger ni boire. Alors ma pauvre cousine ramassa soigneusement et en silence les débris qui jonchaient le sol et essuya les tapis et revint s'asseoir au pied du matelas sur lequel j'étais étendu ; et elle ne cessa durant toute la nuit de me faire de l'air avec un éventail en me disant des paroles gentilles et caressantes avec une douceur infinie. Et moi je pensais : «Quelle folie d'être amoureux !» Enfin le matin parut et je me levai en toute hâte et me rendis dans la ruelle, sous la fenêtre de l'adolescente. Or, à peine m'étais-je assis sur le banc que la fenêtre s'ouvrit et devant mes yeux éblouis apparut la tête délicieuse de celle qui était toute mon âme. Et elle disparut un instant pour réapparaître, tenant entre les mains un sac, un miroir, un pot de fleurs et une lanterne. Et voici ce qu'elle fit : d'abord elle introduisit le miroir dans le sac, lia le sac et jeta le tout dans la chambre puis, d'un geste adorable, elle dénoua sa chevelure qui retomba lourdement autour d'elle et lui cacha un instant la figure, ensuite elle plaça la lanterne au milieu des fleurs dans le pot et enfin reprit le tout et disparut. Et la fenêtre se referma. Et mon cœur avec l'adolescente s'envola. Et mon état n'était plus un état. Alors, moi, sachant déjà par expérience qu'il était inutile d'attendre davantage, je m'acheminai, désolé et meurtri, vers la maison, où je retrouverai ma pauvre cousine tout en pleurs, la tête enveloppée d'un double bandeau, un autour de son front blessé et l'autre autour des yeux malades de toutes les larmes versées pendant mon absence et durant tous ces jours de tristesse. A suivre