Activité n La confection artisanale de tapis compte parmi les métiers qui ont été les plus affectés, durant les années 1980, par les réformes économiques, provoquant une stagnation spectaculaire de la production dans la wilaya. En effet, celle-ci est passée de 102 476 m2 en 1963, au lendemain de l'Indépendance, à seulement 309 m2 en 1987. Selon la Chambre régionale des métiers et de l'artisanat, cette situation est due à un certain nombre de facteurs, dont l'absence sur le marché local de la matière première et la fermeture des débouchés de commercialisation de ce produit, notamment vers l'étranger. A cela s'ajoutent le désintéressement de la main-d'œuvre et sa reconversion en une activité industrielle qui a pris de l'ampleur durant les années 1970, avec la création de plusieurs unités de fabrication de tapis. Les incidences de cette situation se sont fait aussitôt remarquer par la fermeture progressive des unités et ateliers de textile spécialisés, communément appelés «dar zarabi». Les jeunes filles, qui travaillaient dans ces atelier, ont été contraintes à rester chez elles. Hadja Zoulikha se remémore le temps où elle excellait dans la confection de tapis multicolores aux jolies formes, à savoir «Deq 17 (points)» et «Deq 19». «Ce n'était pas seulement une source de survie pour la plupart des jeunes filles qui aidaient leurs familles pauvres, mais aussi une opportunité pour elles d'apprendre un métier leur assurant un revenu», dit-elle. Pour les familles nanties, il suffisait d'ouvrir un atelier à domicile pour que les filles s'adonnent avec goût à ce métier. Cet engouement a favorisé une grande disponibilité de la main-d'œuvre qui a poussé les marchands à ouvrir de plus en plus d'ateliers. Cela a largement contribué à l'émergence de marchés à l'intérieur du pays, mais aussi à l'étranger. En effet, le tapis tlemcénien se vendait, à la fin des années 1970, en France et en Allemagne, pays qui constituaient les meilleurs marchés étrangers pour les tisserands de Tlemcen. C'est dans ce sens d'ailleurs que la Chambre des métiers s'attelle à la réhabilitation de ce métier qui faisait la fierté de la ville de Tlemcen. «Cela sera possible tout d'abord par la réouverture du centre d'estampillage de tapis, fermé depuis 1976», ajoute-t-on. Ce dernier, rappelle-t-on, veillait sur le respect de la conformité du produit aux normes en vigueur en matière de poids et de qualité de la matière première utilisée. De leur côté, les différentes instances concernées par la préservation de l'artisanat ont pris l'initiative d'ouvrir des sections spécialisées dans la formation à ce métier.