Similitude n Si on lui a donné le même nom que la source de La Mecque, c'est parce que, comme elle, elle avait une eau pure et abondante. Qui ne connaît pas la source de Zemzem à La Mecque, la source qui, selon la tradition, a jailli miraculeusement du sol pour abreuver Hadjar, la femme du Prophète Abraham, quand elle a mis au monde son fils Ismaël ? Tous les pèlerins qui se rendent en Terre Sainte pour y accomplir le pèlerinage connaissent cette source et, en revenant dans leur pays, rapportent de son eau. Cette eau bénie passe pour porter bonheur, voire pour guérir des maladies. Mais dans cette rubrique, ce n'est pas de la source bénie de La Mecque dont il sera question, mais d'une source homonyme, la source de Zemzem qui se trouve à Ouargla, dans le Sud algérien. Cette source, comme tant d'autres de cette région, est tarie depuis longtemps et seul son nom la rappelle au souvenir des habitants. La chaleur intense qui règne dans ces régions, ajoutée à la sécheresse et à la diminution constante de la nappe phréatique, sont les causes principales de cet assèchement. Mais revenons à notre source. On l'a appelée Zemzem non seulement pour honorer la source de La Mecque, chère à tous les musulmans, mais aussi parce que, comme elle, elle laissait couler une eau abondante. En fait «couler» n'est pas le mot exact : il faut plutôt dire que l'eau jaillissait de Zemzem, en un flot ininterrompu. Un jet puissant, disent les Anciens, nostalgiques de cette époque lointaine de prospérité. Et l'eau était d'une pureté admirable, elle avait un goût si agréable qu'on venait de loin pour en boire, surtout en période de chaleur, car, de plus, cette eau était très fraîche ! Il y avait bien d'autres sources à Ouargla et à Ngouça, l'oasis voisine, mais les gens préféraient l'eau de Zemzem ! Ils venaient donc en grand nombre en chercher. On buvait sur place, on se lavait, on en remplissait des outres que l'on emmenait dans les maisons. Et puis, un jour, alors que les gens s'y sont rendus, comme à l'accoutumée, pour puiser dans la source, ils ont constaté, avec effroi, qu'elle avait disparu ! Non pas disparue, mais volatilisée, évaporée ! «Où est la source ? Où est la source !» Les hommes, les femmes et les enfants se sont mis à la chercher parmi les herbes et les pierres, mais malgré leurs efforts, ils ne parvinrent pas à la trouver. Un cri jaillit alors : «On a volé la source de Zemzem !» Mais comment peut-on voler une source ? Une source s'évapore, une source est déviée de son cours, mais on ne la vole pas, comme on volerait un fruit ou un objet. Ici, comme dans beaucoup de régions, on croit à l'existence des djinns ou génies, esprits malins qui ont reçu le pouvoir d'importuner les humains. On les appelle «les gens d'en bas» parce qu'on croit qu'ils habitent dans les profondeurs de la terre et, parmi les endroits qu'ils hantent, il y a justement les cours et les points d'eau.. Et, selon la légende, c'est un génie qui a fait disparaître la source de Zemzem ! (à suivre...)