Bennabi a été profondément marqué par cette brève expérience qui l'a mis en contact direct avec les travailleurs algériens en France dont se désintéressaient les Zaïms, et qui lui fait prendre conscience du soubassement éducatif de toute action politique. La branche marseillaise de la «Brigade spéciale de police nord-africaine» mettait les activités de ce centre très fréquenté sur le compte de la «subversion bolchevique», sans s'aviser des références nietzschéennes de Bennabi. Après la Deuxième Guerre mondiale, Bennabi publie Le phénomène coranique (Nahda, Alger, 1947) et Les Conditions de la renaissance, Problèmes d'une civilisation (Nahda, 1949). Dans le premier, il dit avoir voulu décrire un «ordre spirituel» à l'intention des jeunes musulmans à la recherche d'un équilibre entre leur culture musulmane et leur formation moderne. Dans le second, il aborde un «ordre social». Il poursuit la réflexion du deuxième ouvrage en publiant Vocation de l'Islam (Seuil, Paris, 1954), où il expose sa thèse sur la «colonisabilité». De 1948 à 1955, il collabore à La République algérienne de Ferhat Abbas. Il écrit également dans le Jeune Musulman que dirigeait Ahmed Tewfik al-Madani, le secrétaire général de l'association des Oulémas. (à suivre...)