La condamnation d'un polythéisme (qui n'était pas toujours grossier, notamment chez les Grecs) dont la stérilité, l'illusion, l'incohérence étaient certes patentes, et la proclamation d'une divinité unique et transcendante furent précisément les deux composantes de la mission surnaturelle de Moïse. Dans ce double rôle, il acquiert, au regard de l'Islâm (on y reviendra plus loin, s'il plaît à Dieu) des dimensions autrement plus grandes que celles que la Thora lui a assignées. Son rôle de réformateur, de purificateur et de législateur apparaît plus important que celui d'un vengeur, d'un tueur vindicatif et impulsif dont l'enseignement se contredit parfois. Selon le messager coranique, il est avant tout le porteur des suhûf qui devaient servir de préfiguration au Message de Jésus et de Mohammed, de testament écrit, d'Ecriture révélant ce qui est inaccessible à la raison livrée à elle-même : Dieu dans Son unicité, Sa grandeur, Sa souveraine volonté et Sa clémence envers Sa création, inconnaissable en Son essence, infini, incomparable, imploré par tout ce qui existe. Moïse est le Prophète de trois religions : judaïsme, christianisme, islam. Que nous apportent comme base sur celui que toutes les trois tiennent pour l'Interlocuteur de Dieu ? Selon la tradition orale et les données bibliques, Moïse a réellement existé et s'apparente à la tribu des Lévi, par son père Amram et sa mère Jacobed, ou Jacobel. Il avait une sœur, Maryam (Marie) et un frère, Haroun (Aaron) tous deux plus âgés que lui. Il se réfugie en fuyant l'Egypte, à Madyan, cité bien connue sur l'autre rive de la mer Rouge, où il est accueilli par un personnage sur le nom et le rôle duquel la Thora est en pleine contradiction avec elle-même. Sur le nom de Jethro, il y a désaccord entre l'Ancien Testament et l'Exégèse islamique. Ibn Jarîr Tabari signale dans son Commentaire que le patronyme syriaque de Shu'ayb, beau-père de Moïse selon le Coran, est Yethron. Il était, selon les ouvrages de prophétologie islamique, un lévite descendant au sixième degré d'Abraham. Il jouissait d'une certaine notoriété (sacrificateur de Madyan ? Chef de tribu ?) et exhortait ses concitoyens à observer fidèlement l'enseignement reçu d'Abraham. Shu'ayb (ou Yethro) donna en mariage l'une de ses filles (Reuele ou Sephora) à Moïse qu'il associa quelque temps à ses affaires en faisant de lui un berger salarié. (à suivre...)