Résumé de la 48e partie n Mère-des-Calamités tombe dans le piège : confiante, accompagnée de Safîa, elle répond à l'invitation du roi Roumzân. Puis tout le monde rentra à Kaïssaria ; et, de là, immédiatement on se mit en route pour Bagdad, où l'on arriva sans incident et en toute hâte. Alors les rois firent illuminer et décorer toute la ville et invitèrent tous les habitants, par les crieurs publics, à se masser devant le palais. Et lorsque toute la place et toutes les rues furent remplies par la foule des habitants, hommes, femmes et enfants, un âne galeux sortit de la grande porte et sur son dos, à rebours, était attachée Mère-des-Calamités, la tête couverte d'une tiare rouge et couronnée de crottin. Et devant elle lentement marchait un grand crieur qui racontait à haute voix les principaux méfaits de la vieille maudite, cause première de tant de calamités sur l'Orient et l'Occicient. Et lorsque toutes les femmes et tous les enfants lui eurent craché au visage, on la pendit par les pieds à la grande porte de Bagdad ! Et c'est ainsi que périt, en rendant à Eblis son âme fétide par l'anus, la pétante calamiteuse, la vieille aux fabuleuses vesses, la rouée, la politique, la perverse mécréante, Schaouahi Omm El-Daouahi. Le sort la trahissait comme elle avait trahi et cela afin que sa mort pût servir de présage de la prise de Constantinia par les Croyants et du définitif triomphe en Orient, dans le futur, de l'islam pacifique sur la terre d'Allah en large et en long ! Aussi les cent guerriers chrétiens ne voulurent plus retourner dans leur pays et préférèrent embrasser librement la foi si simple des musulmans. Et les rois et le vizir Dandân ordonnèrent aux scribes les plus habiles de noter soigneusement dans les annales tous ces détails et ces évènements, an qu'ils pussent servir l'exemple salutaire aux générations de l'avenir. «Et telle est, ô roi fortuné, continua Schahrazade en s'adressant au roi Schahriar, l'histoire splendide du prince Diadème et de la belle Donia, du roi Omar AI-Némân et de ses fils merveilleux Scharkân et Daoul'makân ; de la reine Abriza, de la reine Force-du-Destin et de la reine Nôzhatou ; du grand vizir Dandân et des rois Roumzân et Kanmâkan !» Puis Schahrazade se tut. Alors, pour la première fois, le roi Schabriar regarda tendrement la diserte Schahrazade, et lui dit : «O Schabrazade, par Allah ! qe ta sœur, cette petite qui écoute, a raison quand elle te dit qe tes paroles sont délicieuses au goût et savoureses en leur fraîcheur ! En vérité, tu commences à me faire regretter le massacre de tant d'adolescentes, et peut-être que tu finiras par me faire oublier complètement le serment que je fis de te tuer comme les autres !» Et la petite Doniazade se souleva dans le tapis où elle était blottie et s'écria : «O ma sœur ! que cette histoire était admirable !» Alors Schahrazade regarda sa sœur et lui sourit. Puis elle lui dit : «Mais que dirais-tu alors si tu entendais les paroles des animaux et des oiseaux ?» Et Doniazade s'écria : «Ah ! ma sœur, je t'en prie, dis-nous quelques paroles des animaux et des oiseaux ! Car elles doivent être délicieuses, surtout répétées par ta bouche !» Mais Schahrazade dit : «De tout cœur amical ! mais certainement pas avant que ne me le permette notre maître le Roi si toutefois il souffre encore d' insomnies !» Et le roi Schabriar fut extrêmement perplexe et dit : «Mais que peuvent bien dire les animaux et les oiseaux ? Et dans quelle lange parlent-ils ? En vérité, ô Schahrazade, je ne veux rien décider encore corcérnant ton sort, avant que tu ne m'aies raconté ces choses qe je ne connais pas. Car jusqu'ici je n'ai entendu que les paroles humaines ; et je ne serais pas fâché de savoir ce que pensent les êtres qui ne sont pas compris par la plupart des hommes !» Alors, comme elle voyait la nuit s'écouler, Schahrazade pria le roi d'attendre jusqu'au lendemain.