Le premier film saoudien de fiction, actuellement à l'affiche à Bahreïn et dans plusieurs pays du Golfe, attire de très nombreux Saoudiens, qui déplorent tous de ne pas pouvoir le regarder en Arabie, où le cinéma est toujours interdit. Keif al-Hal? (Comment vas-tu?) a pour ambition de montrer la tension entre modérés et extrémistes religieux en Arabie saoudite, un pays déchiré, surtout chez les jeunes, entre la mondialisation et le poids de valeurs conservatrices. «Les problèmes dont souffre la société saoudienne sont pires que ceux présentés par le film. C'est simple, il suffit de constater ce paradoxe: j'aurais aimé regarder le film en Arabie saoudite», déplore une Saoudienne à sa sortie du cinéma où le film est projeté à Manama. «Regarder le film à Bahreïn et non en Arabie saoudite est le premier paradoxe qui nous fait ressentir de l'amertume», renchérit une amie à elle. «Ce sentiment d'amertume ne m'a pas quitté durant la projection du film. Pourquoi dois-je aller dans un autre pays pour regarder un film saoudien?», s'interroge cette journaliste, qui ne cache pas son admiration pour le film. «Il décrit une réalité saoudienne amère, à savoir les frustrations des jeunes des deux sexes, leurs rêves et ambitions inassouvis», poursuit-elle, en soulignant que «les jeunes filles, notamment, souffrent des pressions de la famille, de la société». Elle estime même que «le film présente une image adoucie de la réalité douloureuse de la jeunesse saoudienne». «Il ne reflète que le centième de la réalité, qui est beaucoup plus pénible», ajoute-t-elle.