Débat n Inâme Bayoud et Abdelaziz Boubakir, tous deux spécialisés dans la traduction, étaient, hier, les invités du forum de la radio culturelle. Réunis pour débattre de «La réalité de la traduction» Inâme Bayoud et Abdelaziz Boubakir ont déploré le manque d'intérêt dans le monde arabe pour la traduction, rappelant que «les Arabes, au temps des Abbassides, lui accordaient une grande importance». Et d'ajouter : «La traduction était une ouverture sur le monde, sur les autres cultures, savoirs et connaissances». Effectivement, les Arabes traduisent aujourd'hui très peu. «Les Grecs ou encore les Espagnols traduisent en une année plus que ce que le monde arabe tout entier traduit pour la même période», ont-ils relevé. Ils précisent que l'Algérie occupe la dernière place dans le domaine de la traduction. Cela revient à l'absence d'une politique et d'une conscience civile favorisant ce genre de culture. «Une volonté politique ne suffit pas à elle seule pour encourager la traduction, il faut aussi sensibiliser la conscience civile», a souligné Inâme Bayoud. Pour sa part, Abdelaziz Boubakir estime que la traduction nécessite un plan d'action et donc une stratégie. «Il faut qu'il y ait un programme», c'est-à-dire il faut savoir ce qu'on doit traduire, pour qui pourquoi et comment. Plus tard, les deux intervenants s'accordent à dire que les maisons d'édition doivent encourager la traduction, et que celle-ci nécessite énormément de dépenses. «Elle exige autant d'efforts (intellectuels) que de temps et d'argent. La traduction doit être subventionnée par l'Etat». Ils s'accordent aussi à dire que «l'enseignement de la traduction, en Algérie, est déplorable». Le niveau est lamentable, faible : «Les étudiants ne sont pas suffisamment formés en la matière, ils ne maîtrisent pas la langue, et la plupart des diplômés s'orientent vers les administrations». En outre nous avons ignoré les autres langues, comme le japonais, le chinois, voire les langues orientales, ainsi que le perse, l'hébreu…». Cela réduit immanquablement notre champ d'ouverture. «Ceux qui s'en tiennent à traduire des documents administratifs ne sont pas de véritables traducteurs», tient à affirmer Abdelaziz Boubakir. S'exprimant sur la formation, Inâme Bayoud, enseignante au département de la traduction à l'université d'Alger et présidente de l'Institut arabe de la traduction, a indiqué qu'une convention a été signée avec l'université de Grenoble, et que d'autres conventions favorisant le partenariat en matière de traduction seront également signées avec les universités de Paris II, du Canada et de Beyrouth. «En se basant sur les expériences de chacun, nous espérons former de manière efficace des étudiants dans le domaine de la traduction, et cela au vu des nouvelles techniques et technologies», a-t-elle dit appelant à «intégrer la traduction dans un plan de développement bien défini pour assurer sa professionnalisation».